Après un mois de Septembre plutôt chargé en concerts, je décidais d’aller soigner le mal par le mal en allant voir le groupe français qui monte Agar Agar à la Gaîté Lyrique. Si avoir des places ne fut pas chose aisée, ma frustration de les avoir ratés 6 fois au cours du mois d’août a aidé à transformer le “pourquoi pas” en “j’irai coûte que coûte”. Ce que j’ai fait.
Musique Chienne pour commencer
Avec un nom comme ça, la jeune Sarah-Louise Barbett était assurée d’attiser ma curiosité, et celle d’autres curieux de la musique qui se plaisent à ne rien savoir d’une première partie pour la découvrir en live. Expérience risquée, mais le jeu en vaut parfois la chandelle.
Pourtant, le concert s’ouvre sur un public (très) réduit, composé de 15 téméraires tout au plus… La jeune DJ, seule sur scène, ne se décourage pas pour autant. Musique Chienne (puisqu’elle s’appelle ainsi) se lance dans des morceaux savamment associés en un DJ Set, faits pour être enchaînés. Ils me font penser, à première vue, à ce featuring qu’avaient effectués Polo & Pan et l’ovni Jacques. Des sons extraordinairement naturels avec des changements de tempo qui allongent les courts morceaux d’environ 2 minutes 40 que la jeune française nous propose sur son Soundcloud.
Elle n’a d’ailleurs rien à envier aux “grands” de son univers tels Jacques ou à Salut c’est cool, et voit son public s’agrandir à chaque chanson jouée.
La mine nonchalante mais amusée quand même, Sarah-Louise nous confie qu’une grande partie de ce qu’elle joue est pré-enregistré. Qui peut lui en vouloir ? Jouer toute seule ne permet pas de gérer autant d’instruments à la fois. On a quand même droit à de petites notes de piano, avec des parties chants faites sur le vif, et à quelques claquements de main dans cette succession de morceaux qui filent étonnamment bien. C’est aussi l’occasion pour elle d’avouer vouloir jouer avec un groupe.
Chers lecteurs/musiciens amateurs/clubbers, vous voilà prévenus.
Agar Agar de l’Est
Vient le tour des petits Parisiens prodigieux Agar Agar de fouler la scène de la Gaité Lyrique. Avec une intro en arpèges électroniques, ils captent directement l’attention du public déjà chauffé à blanc. Clin d’oeil au PSG par Clara – la chanteuse – qui porte leur maillot (sans doute en soutien à l’équipe qui mettait 3-0 au Bayern pendant le concert).
Mais ce qui capte le plus mon attention, c’est bien la grosse bouteille de Jack Daniels d’Armand, lui en charge d’une grosse partie de l’instru. Sous ses airs d’enfant modèle, il n’hésite pas à se siffler un bon quart de la bouteille, sans aide, sans diluant. Je ne peux pas m’empêcher de penser à Idles, notre coup de coeur du premier jour de la Route du Rock, qui avait le même réflexe.
J’ose cependant espérer que ce n’est pas la bouteille qui fait effet sur I’m That Guy, de loin la meilleure chanson d’Agar Agar. Armand déclenche les accords du refrain trop tôt (ce qui n’est remarquable qu’en tendant vraiment l’oreille), puis la chanson s’interrompt finalement net juste après le premier refrain, chose qui, vu la surprise sur scène, n’était pas prévu.
Le groupe terminera cependant sa chanson avec brio. Un ‘avec fautes’ qui mériterait un 20/20.
Agar Agar enchaînent ensuite sur You’re High, puis quelques inédits – en espérant pouvoir leur faire coucou sur le prochain album – sur lesquels Clara ne lésine pas de grands gestes. En fait, elle est à la limite de transformer la scène du concert en scène de théâtre : déplacements sur l’ensemble de la salle, jeu (plus ou moins) naturel… Et surtout, règle numero uno du théâtre : elle parle fort. Chante, en tout cas. Il n’est donc pas surprenant de la voir souvent crier, sans raison apparente, entre deux chansons. Bien entendu, lorsque celles-ci ne sont pas liées par des interludes sublimes ou juste des changements de tempo réalisés avec délicatesse.
Sur Prettiest Virgin, le “tube” du groupe, arrivent deux agents de sécurité à chaque extrémité de la scène. Si la surprise est de mise au début, elle tombe relativement vite lorsqu’ils se mettent à danser dès le refrain du morceau. Une danse typée night-club, à laquelle se joint Clara pour nous prouver que, quelque soit l’art, elle est là pour le faire mieux que nous.
En parlant de night club, c’est en réalité la dernière chose que je m’attendais à vivre à la Gaité Lyrique. Et pourtant, à la fin de Cuidado, Peligro, Eclipse – l’une des dernières chansons que j’avais hâte d’entendre – se lance un set de transe puissant. Sa durée surtout était puissante, un bon 10-15 minutes. Tout cela prouve en tout cas le plaisir pris à se manger des lumières épileptiques mêlées à une basse au pitch excité. Délice ultime.
S’il est une autre chose que ce passage démontre, c’est qu’Agar Agar sait conclure ses concerts. Ils sortent de scène, juste le temps pour nous de nous remettre de nos émotions, et reviennent avec fracas. En guise de conclusion, une outro en arpèges ascendantes pour répondre à l’intro du concert en arpèges descendantes, les lumières projetées sur eux comme des anges. Le tout symbole de montée au paradis, que nous aurons découvert grâce aux Frenchies d’Agar Agar.
Paris est magique, si je puis me permettre.