Au mois de mars, nous* nous sommes envolés vers Austin au Texas pour le SXSW. Plongée dans la jungle urbaine d’Austin d’où jaillissent les talents de demain, en 4 épisodes et artistes hors-du-commun.
*Un ‘nous’ de contenance
Les fougueux Sports Team
Six musiciens sur scène dans la cour de cette petite cabane de concerts. Sports Team sont assez nombreux pour former une équipe de handball, mais n’ont rien de grands sportifs. Ils ont fait un bien meilleur choix que sculpter leurs corps : avoir de la gueule.
Impossible de ne pas remarquer le chanteur, ses cheveux mi-longs, la dégaine de Mick Jagger, le charme de Johnny Borrell, une énergie à faire s’éteindre les volcans. Son costume blanc trop grand de dandy anglais correspond à sa démarche et ses centaines de mètres parcourus sur scène. Sans compter les mètres gravis sur le poteau soutenant la scène.
Sports Team font renaître The Jam, en blanc, avec une forme d’absurdité toute british qui en fait de pures bêtes de scène. Ils ont mis le feu au SXSW.
Angie McMahon fait vibrer l’âme
Quand on parle d’Angie McMahon, on est forcé de commencer par évoquer sa voix grave sublime, qui fait vibrer l’âme par toute ses nuances et couleurs. Son timbre, dont on pensait l’existence perdue avec la fin du précédent millénaire, se mêle délicieusement à une façon parfois pseudo-paresseuse d’interpréter ses textes qui rend l’Australienne si accessible, digne de Kurt Vile sur cet aspect. Pour ce showcase au SXSW, Angie ne manquait pas d’agrémenter les inter-morceaux d’anecdotes qui achevaient de nous séduire par leur simplicité et sincérité :
« This is a song I wrote after a very annoying dinner date »
Entre If You Call, interprétée seule à la guitare, le lentement rock puis énergique Pasta, le riff accrocheur de Keeping Time et le hit Slow Mover, Angie McMahon nous a surtout bercés une courte demi-heure durant de mélodies qui ont empli l’église.
Notre coup de cœur du concert est sans aucun doute Missing Me, un morceau de rupture au crescendo tant rythmique (de plus en plus rapide) que d’intensité (de plus en plus puissant) qui nous a totalement embarqués.
Les sexy vibes Les Louanges au SXSW
Une basse incroyablement groovy, des synthés weird à souhait, un chant plein de personnalité au charmant accent québécois, l’intervention surprise d’un saxophone soliste exceptionnel. La recette Les Louanges est très particulière, et rien qu’en cela elle méritait de s’attirer toutes les louanges du public du Swan Dive.
De Pitou à La nuit est une panthère en passant par notre coup de cœur Tercel, on se laisse prendre par les sexy vibes des synthés, les contre-temps et ruptures rythmiques délirants, et ces paroles incompréhensibles aux Français ou qui nous font éclater de rire à la première écoute :
« On ira faire un tour de char dans ta terre c’est le 96 » (Tercel)
Et mieux :
« Une panthère dans la chambre, devant la caméra tu danses. Qu’est-ce que je ferais pour avoir la chance, de gagner mon passeport entre tes jambes »
Jeu, set et match.
Hubert Lenoir, bête de scène et pogo nucléaire
Moins une découverte que ses compatriotes Les Louanges avec qui il partage le même saxophoniste en live et le chant en français, Hubert Lenoir que nous connaissions à l’époque The Seasons avec son frère, a subi une mutation.
Rockstar en puissance, bête de scène, Hubert Lenoir et ses musiciens ont enchaîné solos instrumentaux incroyables, plongeons dans la foule dignes des grandes heures du rock’n’roll, une énergie folle, des paroles qui prennent aux tripes – même quand on ne comprend pas le propos –, un pogo nucléaire, une reprise de Smells Like Teen Spirit déchaînée, et encore un autre pogo.
Notre coup de cœur va sans aucun doute à Fille de personne II, un manifeste de l’acceptation de soi.
« Je suis venu te dire que tu peux changer. J’ai vu un avenir de femme libérée, où tu portais le cuir et la tête rasée. J’ai vu ton avenir. »
Hubert Lenoir n’a pas fini de faire parler de lui, et il remplit bientôt un Bataclan à Paris. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.