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R.E.M. ou comment faire du rock alternatif acoustique, en pleine période post-punk et new wave (essor de la musique électronique). Comment avoir un succès mondial (6 fois disque de platine pour Automatic) tout en restant toujours fidèle à soi-même au fil des années. En somme, comment rester “cool” sans se vendre aux maisons de disque … Et ouvrir ainsi la voie à Radiohead, à Nirvana pour faire vivre une musique autre que répondant aux impératifs marketing.
Oui, je fais partie des personnes qui préfèrent Automatic For The People à Out Of Time (même si cela ne veut en aucun cas dire que je n’apprécie pas ce dernier). J’adore cet album, et pour un certain nombre de raisons :
- Une seule et même pièce …
Première impression : un sentiment de lien entre tous ces morceaux, qui pourtant restent distincts, ne sont pas “toujours la même chose” (critique que l’on peut à juste-titre formuler pour le nouvel album de Birdy par contre !) L’atmosphère semble bien être le facteur d’unité. Bien plus sombre que sur Out Of Time, elle se manifeste par une mise en valeur de la profondeur de la voix de Michael Stipe et des choeurs au contraire flottants, s’évaporant, mais également des cordes (violons, contrebasses) et la dimension acoustique des chansons mises en exergue ; au contraire, on observe une atténuation forte des percussions : chaque instrument en devient parfaitement discernable.
En plus de la qualité de l’intégralité de l’album, qui vaut vraiment la peine de l’écouter d’un coup d’un seul (mettre le CD dans sa chaîne Hi-Fi quoi !), il se “déroule” …
- … En plusieurs mouvements, soulignés par de vrais TUBES
1. Drive, Try Not To Breathe et The Sidewinder Sleeps Tonite
Une entrée dans le vif du sujet d’Automatic For The People dès les premières notes. L’humeur s’assombrit mais l’esprit est transporté par Drive, puis continue sa traversée avec Try Not To Breathe sur laquelle on dénote plus d’optimisme, plus de décision, d’action (très bien souligné par la rythmique plus rapide de la guitare). Sur The Sidewinder Sleeps Tonite, la voix de Michael Stipe monte plus haut, s’accélère sur le refrain, achevant le réveil de l’auditeur préalablement mis dans un état second par Drive … Un premier mouvement ascendant donc, et qui prépare …
2. Everybody Hurts, un des meilleurs slows jamais écrits
Le slow que tout le monde DOIT avoir dansé une fois dans sa vie, le slow qui rend n’importe qui amoureux de son partenaire de danse. Juste Motion & Emotion (Peugeot serait content) en arpèges : une chanson chantée avec une voix d’ange, avec une montée en puissance progressive et un climax magique.
3. Sweetness Follows, la chanson du générique de Vanilla Sky
Après l’interlude New Orleans Instrumental n°1, venant faire le lien entre les différentes pièces de l’oeuvre – montrant la pertinence de cette hypothèse d’une véritable recherche d’unité – “la douceur s’ensuit”.
Je pense que je consacrerai un article à cette B.O. hors-du-commun (entre R.E.M., Everything In Its Right Place de Radiohead, Sigur Ros, One of Us de Joan Osborne …), sans laquelle le film n’aurait pas du tout le même impact. Elle me rappelle celle de The Beach de Danny Boyle (vous vous rappelez Spinning Away ?) qui m’a fait aimer un film en somme assez décousu.
Des cordes d’orchestre mêlées à une guitare rythmique et une ligne de space-rock au synthé, créant une ambiance, sous-titrée par le “Ooooh-Oo Ooooh-Oooo Sweetness follows …” de Michael Stipe
4. Monty Got A Raw Deal, Ignoreland
Deux chansons qui en rappellent certaines d’Out Of Time, avec des guitares plus saturées et une rythmique guitare-batterie – qui fait la marque de R.E.M. – plus accentuée. Presque des airs de Neil Young avec le Crazy Horse (Hey, Hey, My, My) sur Ignoreland !
5. Star Me Kitten et Man Of The Moon
Star Me Kitten, où la voix, grave, accompagne parfaitement les notes de la guitare électrique. Cette fusion des deux est en réalité si rare, que sur un morceau cela crée une forme de magie. Les choeurs en fond et les symbales de la batterie suffisent pour en faire une superbe petite ballade …
… Pour introduire le tube Man Of The Moon qui débute sur les mêmes eaux (d’où ce choix de les inscrire dans le même mouvement, dans cette pièce unique que forme Automatic For The People) avant d’enchaîner avec un riff entêtant et un décollage vocal et rythmique dépouillé, puis un super solo qui garde son empreinte acoustique. Des variations de nuance, de volume perpétuelles, et toujours ce Yeah, yeah, yeah, yeah qui a tellement plus de classe que celui de Usher …
On pourrait penser que les perles de cet album finiraient là, mais c’est sans compter sur …
6. Nightswimming, une ballade cyclique mais enivrante – Find The River
Une de mes chansons préférées … Profitez juste de cette petite excursion nocturne au piano et cordes, éclairée par la lune. Un moment d’innocence réelle, d’abandon des préoccupations de chaque jour. On s’y croit réellement …
Et l’album se conclut magnifiquement sur Find The River, où l’harmonica fait son apparition pour accompagner cette guitare rythmique et cette voix qui expriment un espoir nouveau, une voie de sortie de la sombreur nocturne. On aperçoit la lumière, près de l’océan ; quitter un être cher, le départ nécessaire pour trouver sa voie … et puis le recul, le rapprochement par la distance, et enfin la prise de conscience :
All of this is coming your way