Reclus depuis un mois, il est vital de se tourner vers des ondes positives, des rais de lumière, de chercher des signes de vie en somme. Alors cherchons tout simplement the ‘good vibes’ album…
L’album Not waving but drowning de Loyle Carner – Un concentré de bonnes ondes
C’est outre-manche, une fois n’est pas coutume, que se tourne mon oreille. Et le nom de Loyle Carner me revient en mémoire. Il sortait il y a presque un an son second album, Not waving but drowning. Les bonnes ondes sont là car le jeune anglais est de ceux qui surfent sur les belles énergies.
D’emblée, on peut ressentir un doute et un sentiment de redite quant au premier album – Yesterday’s gone – maintes fois salué par la critique, même adulé outre-manche. Certes, le flow posé et fluide reste le même, les mélodies simples et efficaces sans auto-tune aucun sont aussi de la partie.
Loyle Carner – Un sorcier des mots qui nous partage son histoire avec sincérité et élégance
Oui mais non… le jeune Loyle Carner est un sorcier, il continue de nous bercer de sa voix apaisante et caressante, un talk rap en mode dandy. Il a l’art de souffler les mots avec une élégance rare et une sincérité troublante. Car ici, tout n’est que partage et émotion. Loyle Carner nous parle de sa famille, de son père parti sans mot dire, de l’amour de sa mère et de son père adoptif exemplaire. Il est aussi question de ses troubles d’adolescence, de sa dyslexie et autres frustrations. Et tout ça en fait un album sincère et intimiste. Ces good vibes siéent à merveille en ces temps suspendus…
Et n’oublions pas l’essence du style Carner à savoir le rap. Mais ce n’est en rien commun avec le sulfureux rap made in US et son déversoir bling bling. L’anglais ne cherche rien d’autre que partager avec humilité ses histoires de famille. Un évènement aussi anecdotique qu’une séance de tirs aux buts entre l’Angleterre et la Colombie lors de la dernière coupe du monde se retrouve sur la maquette, et on a plaisir à rentrer dans cette intimité familiale partagé. De même lorsque l’on vit avec lui et pour lui le poème de sa mère sur le titre de clôture, Dear Ben. Celui-ci fait d’ailleurs écho au single d’ouverture, Dear Jean, sur lequel il déclame tout l’amour porté à cette grande dame.
Un album enrichi par des collaborations parfaitement choisies
L’ensemble est sacrément cohérent, comme une partition en quinze tableaux, presque un album concept. La richesse vient aussi des brillantes collaborations souhaitées par Loyle Carner. Des voix féminines issues de la musique soul se complètent à merveille avec son flow posé. On retrouve Jorja Smith sur le somptueux Loose ends et Charlotte Day Wilson sur Sail Away. Tom Misch vient aussi apporter sa voix de velours sur Angel. Quant à Rebel Kleff, il irradie carrément le très dansant You don’t know.
On ressort vitaminé à l’issue des quinze titres. C’est la puissante sobriété de ce Not waving but drowning qui nous dope. On retrouve ici la magie opérée par le jeune Mike Skinner quand quinze ans auparavant il dessinait avec The
Streets une nouvelle page du rap anglais. Loyle Carner semble mettre ses pas dans les sillons tracés par son ainé, mais à la différence de Skinner, il n’est pas le porte-parole d’une jeunesse anglaise désabusée, il nous partage simplement avec bonheur des tranches de vie familiale en toute humilité et cela fait du bien tout simplement.
Alors quand l’actualité est déjà suffisamment sombre, n’allons pas chercher d’autres méandres, observons les rais de lumière disséminés ici et là et l’ami Loyle Carner nous les offre avec sobriété et délicatesse.