Parfois – nous disons bien parfois – Youtube peut jouer le rôle du rayon ‘Indépendants’ de la Fnac. Comme lorsqu’après l’écoute d’un morceau, nous sommes redirigés vers le sublime The Magician de Andy Shauf. Puis du morceau, nous sommes allés écouter tout l’album The Party, pour une review en retard de 4 mois. Mais on se fout de l’actu après tout…
Album : The Party
Artiste : Andy Shauf
Date de sortie : mai 2016
Label : ANTI- (Pias)
Styles : folk, indé
Influences/Ressemble à : Andy Burrows, Sufjan Stevens, The Youth Group
Lien d’écoute complète sur Deezer
Note Indeflagration : iiii (maximum)
Le baromètre de notation Indeflagration évolue de i (déconseillé) à iiii (futur indispensable) – Détails de la note au bas de l’article
Andy Shauf nos coeurs de ses mélodies sublimes
S’il fallait rapprocher Andy Shauf d’un artiste, ce serait d’un autre Andy. Andy Burrows, l’ex-percussionniste de Razorlight qui nous avait révélé Company en 2013, un premier album solo somptueux et délicat. Les voix se ressemblent mais la recette est un peu différente. Là où la variété venait plutôt d’une utilisation intelligente des percussions et des harmonies sur Company de Burrows, ce sont les variations de la voix d’Andy Shauf et les mélodies au piano qui priment sur The Party, les percus apportant simplement un peu plus de relief et de profondeur.
L’ensemble de l’album est d’une cohérence troublante dans la fragilité : piano mis en avant dans les ruptures instrumentales, soutenu par des accords à la gratte acoustique, percussions diablement bien étouffées, voix pénétrante venant apporter de la variation à la mélodie. S’ajoutent parfois des cordes classiques comme sur les sublimes Early to the Party et To You ou une ligne de basse ravageuse marquant l’esprit sur Eyes of Them All. En résultent de harmonies idéales qui font sans aucun doute de The Party l’album le plus agréable et étonnamment réjouissant de l’année 2016. Nous disons étonnamment parce que l’album s’illustre aussi par sa mélancolie intrinsèque.
La solitude de la fête
Cette party à laquelle nous convie Andy Shauf a pourtant tout du traquenard pour les fêtards que nous sommes (ou tout du moins voulons donner l’impression d’être). Les morceaux d’Andy Shauf semblent plutôt faits pour résonner dans les oreilles d’un auditeur solitaire assis sur le bras du canapé du fond de la salle aménagée en vestiaire que sur les platines du DJ.
De même, le concert idéal d’Andy Shauf serait celui que l’on pourrait voir et écouter absolument seul. Les autres spectateurs ne seraient que des parasites de l’expérience d’écoute. Mais peu de chances que l’on puisse chacun, dans notre solitude, en profiter de cette façon tout en permettant au jeune Canadien de vivre de sa musique…
Le sublime morceau de clôture – Martha Sways – vient achever en beauté le 2e album de Andy Shauf. Des arpèges dans les graves à la guitare viennent faire particulièrement bien ressortir sa voix et les cordes classiques délicatement associées. “Bring me back” seront les dernières paroles du musicien canadien, qui semble presque espérer qu’on le rappelle.
Tes voeux sont réalisés Andy, on appuie sur play. Tu n’avais même pas besoin de demander.
Le coup de coeur : The Magician
Sans doute parce que c’est le tout premier morceau d’Andy Shauf que l’on ait écouté. Sans doute aussi parce qu’il ouvre de manière parfaite et accrocheuse The Party (difficile de résister à écouter la suite). Sans doute enfin parce qu’on aime la magie, et que Andy peut prétendre à un rôle de prestidigitateur de premier plan sur la scène indé dans les années à venir.