Vendredi 8 mars, 8h30, scotché sur la devanture de mon disquaire préféré, j’attends l’ouverture du magasin avec l’ardeur d’une fournaise. Le 5ème opus de Foals, Everything Not Saved Will Be Lost Part 1, vient en effet d’arriver dans les bacs. Quatre ans après l’emblématique What Went Down, Yanis Philippakis et sa clique ont entretenu le mystère depuis des mois avec deux surprenants teasings annonçant la sortie de ce diptyque. Et si le premier volet est à présent disponible, il faudra attendre l’automne pour découvrir le Part 2 de ce mystérieux concept.
Un nouveau Foals est toujours un événement
Mais alors pourquoi une telle excitation autour de cette nouvelle sortie et cela méritait-il tant de frénésie dans la presse spécialisée et auprès du grand public ? Foals, groupe d’Oxford, centré sur la figure totémique de Yanis Philippakis, a produit quatre albums depuis Antidotes en 2011. Personne ne peut affirmer d’emblée que Foals a inventé un nouveau son, le rock indé n’a pas été révolutionné par l’univers musical du quatuor anglais.
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Oui mais voilà, il y a ce son et cette voix qui transportent à chaque prestation, un je ne sais quoi de puissance et de grâce mêlées. Et le son Foals ne s’étiole pas au fil des ans, on retrouve la même griffe et toujours la même délectation à la découverte de nouveaux titres. Ce dernier album Everything Not Saved Will Be Lost ne déroge pas à la règle. Tout y est cohérent, ces deux tendances fortes se côtoient comme à l’accoutumée, un peu comme une marque de fabrique. Mais plus encore, on est ici happé par une envolée sonore doublée d’une folle invitation à la danse. C’est juste grisant et jouissif !
Un travail d’orfèvre taillé pour un son chiadé et captivant
Et pourtant sur le fond, la tonalité est plus grave. Yannis Philippakis a voulu un album engagé sur la cause climatique, la dérive technologique, la fin du monde même… Sur le fil Twitter du groupe, le tweet épinglé en profil annonce l’ambition du groupe avec ce nouvel album :
« We want this record to be a window and a mirror on the dance-floor, on the train, early starts and late nights. »
Dès la plage introductive Moonlight, cela résonne comme un couloir empli de mystère et de tensions non dissimulés. Les titres suivants nous baignent dans un rock fiévreux et dansant à souhait. Ainsi sur Exits, In Degrees et On the Luna, on pousse le mobilier illico pour aller vers le déhanchement furieux. Et sur White Onions, c’est carrément le Dieu du pogo qui nous appelle. Philippakis a lui-même imaginé à l’écoute de ce titre, en pleine répétition studio, de belles furies lors des futurs concerts.
Bien sûr, les Foals savent aussi se faire délicats et gracieux quand Philippakis ose sa voix haut perchée et fragile, à la Thom Yorke, comme sur Café d’Athens. Et le magnifique Sunday surfe, quant à lui, sur des nappes de mélancolie.
Tout Foals est là, entre rock débridé et véritables instants de grâce : un travail d’orfèvre taillé pour un son chiadé et captivant. Entrez dans cette déferlante sonore distillée avec beaucoup d’élégance !