Trop nombreuses sont les personnes dont l’esprit réducteur résume la musique suédoise au quatuor palindromique d’ABBA. La Suède est riche d’artistes surprenants qui ont su rayonner en dehors de leurs frontières nationales et c’est notamment le cas de The Spotnicks.
Un joyeux mélange
Dans une période politiquement agitée et culturellement bouillonnante, The Spotnicks, dont le nom s’inspire clairement de l’activité spatiale de leur géant voisin soviétique, sont un OVNI qui a débarqué à Göteborg au début des riches années 60 et dont la musique instrumentale mélange les styles et inspirations.
Avec leurs reprises de musiques populaires des années 50, de musiques de films, de classiques et de musiques traditionnelles du monde entier (Johnny Guitar, Blowing in the Wind, My Bonnie, Dark Eyes, Spanish Gipsy Dance…), les Spotnicks se trouvent à la croisée de mondes qu’ils revisitent avec des instrumentations aussi simplistes que joyeuses : batterie propre et guitares électriques légères et réverbérées.
Rocket Man illustre parfaitement le syncrétisme des Spotnicks. En 1962, à quelques milliers de la Havane, ces derniers lancent un missile humain avec une reprise de Plaine, ma Plaine (Полюшко-поле), chant traditionnel de l’Armée Rouge, que la légende fait naître en 1917, et leur version reprend les codes de la musique populaire américaine qui fait alors fureur en Europe de l’Ouest.
(Nous vous laissons comparer leur version à l’originale.)
Les Zinzins de l’Espace et du Western
The Spotnicks offrent un rock simple qui a le sourire, une musique sans prétention entre western spaghetti et futurisme spatial (dans Last Space Train notamment). Dans leurs combinaisons de cosmonautes farfelus, ils mêlent leur fascination pour l’espace à la culture populaire, l’Europe de l’Est à la conquête de l’ouest, la surf musique à la musique folklorique, avec pour seul fil rouge la joie des années 60 (dont la meilleure illustration est probablement Happy Guitar).
Certains nous diront probablement que leur musique est triviale et répétitive, ce à quoi nous répondrons qu’il n’est pas donné à tout le monde de nous donner envie de danser le twist sur l’air de “sur le pont d’Avignon” (Comme-ci, Comme ça).
Let’s twist! “Comme-ci! comme ça! comme-ci, comme ça!”