Indeflagration se met au cinéma? Non, mais c’est vrai qu’il était impossible de ne pas aller voir en avant-première le documentaire The Sparks Brothers d’Edgar Wright – sortie prévue le le 28 juillet – sur le groupe qui a eu le plus d’influence sur les années 70 et 80 sans rien écrire dessus. D’autant plus que l’on parle d’un de mes groupes préférés.
2h20 de documentaire sur un groupe ayant cumulé 26 albums – le compteur du film s’arrête à 25, le nouvel album Annette étant paru entre la préparation du documentaire et sa sortie; mais nous y reviendront – et la machine est lancée. Il est maintenant impossible de ne plus les voir, de ne plus y penser, et de ne plus aimer Sparks. Attention, l’article contient évidemment des spoilers sur la forme du documentaire, et quelques-uns sur son contenu. Fans avides de Sparks prévenus…
Commençons par le commencement, who are Sparks?
Sparks, le groupe préféré de ton groupe préféré
Les frères Mael, membres de Sparks fêtant une collaboration de 50 ans cette année, se contentent de répondre “We are Sparks.” Mais l’accroche promotionnelle du film – Le groupe préféré de ton groupe préféré – est probablement la phrase la plus juste pour les définir.
En témoigne la présence impressionnante d’artistes présents dans le documentaire pour faire l’éloge du groupe des deux frères de LA : Beck, Alex Kapranos des Franz Ferdinand, Flea, Bjork, Vince Clark, ancien des Depeche Mode, Giorgio Moroder… Tous font partie des 83 artistes présents dans le documentaire à parler de leur amour pour Sparks, parfois avec des histoires comiques, parfois beaucoup plus touchantes et personnelles.
C’est bien par cette qualité à mieux définir le groupe et ses deux créateurs en 2h20 que tout le monde – moi compris – en toute une vie que le documentaire brille. Si la forme n’est pas des plus originales – 25 albums, traités un par un, après une scène d’ouverture traitant des questions les plus communes vis à vis des Sparks -, ses intervenants et les animations qui collent parfaitement à l’univers du groupe rendent le documentaire tout sauf ennuyeux. En témoignent les animations du clip du single de 2017 Edith Piaf said it better than me ayant été réalisées par la même personne.
Les 25 albums sont traités avec un respect égaux et des anecdotes parfois incroyables.
Edgar Wright futur président du fan club des Sparks?
Le réalisateur anglais ayant sorti parmis les films les plus drôles de la culture anglaise moderne – Shaun of the Dead, Hot Fuzz, Scott Pilgrim et le plus récent Baby Driver – s’attaque ici à son groupe préféré. Edgar Wright risque son amour pour enfin aider Sparks à atteindre la gloire populaire que le groupe méritait depuis toujours, en menant chacune des interviews en personne, seule exception faite de Jane Wiedlin des Go-Go’s réalisée par Skype.
Edgar Wright, c’est un peu comme le chef de file des fans de Sparks. Le gars cool, qui interview un groupe super cool, et qui te balance un film accessible à tout un public multi-générationnel qui n’a pour la plupart probablement jamais rien entendu d’autre que Johnny Delusional des FFS – leur collaboration incroyable avec Franz Ferdinand en 2015 – ou qui aura passé sa jeunesse à essayer de chopper en slow sur When I’m With You (1980).
Car c’est par cet écart générationnel inévitable en 50 ans de carrière que les Sparks brillent. Non pas en faisant une musique conservative pour garder sa fan base satisfaite, mais en étant parmi les premiers à surfer sur des tendances populaires. Le glam rock avec This Town Ain’t Big Enough For The Both of Us en 1974. Le synthétique avec N°1 Song in Heaven en 1979, Cool Places en 1983, inventant par ailleurs la fameuse danse 80s des bras ballants que ton père un peu pompette essaye encore de caser à une soirée fondue sur Dancing With Myself. Ou encore plus récemment l’électro moderne avec un feat sur le dernier album de SebastiAn, Handcuffed to a Parking Meter (2019).
Edgar Wright rend justice à toutes ces époques, toutes ces influences, et se place par la même occasion en fan n°1 de Sparks. Il n’hésite pas à intervenir lui même dans le documentaire pour y raconter ses motivations, ou en faisant une liste de ses morceaux préférés des Sparks en promotion du film. Le résultat est un documentaire aussi drôle que le groupe, sans pour autant mentir en cachant les nombreuses difficultés auxquelles Sparks ont eu affaire au cours de leur carrière, dans des moments parfois durs à regarder. On pense notamment à l’intervention de Christi Haydon, ancienne batteuse du groupe, se rappelant des 6 années de coups durs consécutifs pour les frères Mael de 1988 à 1994.
Le tout avec une BO, qui, évidemment, claque.
Le documentaire, une fin en soi pour Sparks?
Non.
Ça marche.
Que ce soit bien clair, on comprend vite dans le documentaire que les Sparks feront de la musique jusqu’à la fin, pour l’amour de la musique et rien d’autre. Comme dit plus haut dans l’article, le groupe a sorti ce vendredi 2 juillet leur nouvel album Annette qui, écrit depuis 2013, n’attendait que la rencontre avec Leos Carax afin de devenir le sujet de son prochain film, avec en tête d’affiche Adam Driver et Marion Cotillard, co-écrit avec Ron et Russell Mael, qui ouvrira le festival de Cannes le 6 juillet.
Après 50 ans de carrière, 2021 est probablement le meilleur moment pour être un fan des Sparks. Et ils sont loin de s’arrêter là. Edgar Wright, qui l’a bien compris, offre avec son documentaire un voyage aller simple pour que cet amour du groupe soit enfin accessible à tous.
Date de sortie en salle du documentaire The Sparks Brothers ? Mercredi 28 juillet !
2 comments
Perso, j’ai découvert l’existence des Sparks grâce aux Rita mais pas de Rita dans le docu. Bah…
Tout simplement parce que le documentaire a déjà la lourde tâche de ne traiter que les morceaux des Sparks, Singing in the shower c’est un titre des Rita. Il y a plein de featurings qui ne sont pas mentionnés (comme l’excellent morceau avec SebastiAn en 2019)