To the Last Whale … ou comment David Crosby et Graham Nash ont partagé leur amour des baleines et de l’océan sur un (?) morceau fascinant.
Non, Stephen Stills et Neil Young ne sont pas les seuls à avoir mené des projets solos couronnés de succès en parallèle de Crosby, Stills, Nash & Young (voir le rétro du mardi #4). Leurs deux compères, les auteurs-compositeurs aux voix flûtées David Crosby (l’Américain aux airs de Vercingétorix) et Graham Nash (le Britannique hippie) ont coopéré à de nombreuses reprises sur des projets plus intimistes, dès le début des années 1970.
L’album Wind on the Water – aucune confusion possible avec Smoke on the Water, arrivé peu de temps avant -, paru en 1975, est le deuxième et l’un des plus savoureux fruits de cette collaboration au coeur des 70’s. C’est sur la face B de ce vinyle que se trouve To the Last Whale : Critical Mass / Wind on the water…
Mais “why on earth” un titre de dix mots ?
Et bien, mes amis, la raison est simple et c’est une excellente nouvelle, il ne s’agit pas d’un morceau mais
de deux morceaux, insolitement agrégés pour symboliser la coopération des deux artistes. L’association de Critical Mass (Crosby) et Wind on the Water (Nash) est plutôt étonnante et l’élaboration atypique de ce morceau n’affecte en rien sa cohérence (je défie quiconque de pouvoir s’en douter).
Hail Whale full of grace
To the Last Whale … commence par la “messe” de Crosby (Critical Mass), partie a cappella durant plus d’une minute. Elle peut aussi bien évoquer l’atmosphère pieuse des orgues et des chants grégoriens, que la faune marine, du sonar de dauphin au chant de baleine. Le morceau débute donc par des étranges polyphonies que l’on pourrait qualifier d’instrumentales, la véritable chanson ne commençant que plus loin. La partie a cappella s’achève lorsque les voix se fondent délicatement dans l’ambiance mystique de Nash, reposant elle sur un florilège instrumental (piano à queue, synthétiseur, violons, clarinette, caisse claire…).
Ce n’est seulement qu’après 2’18” que David et Graham n’entament véritablement la partie vocale en déclamant un triste poème inspiré par La Dernière Baleine. Cet hymne au monde marin est écologiquement d’actualité lorsqu’il condamne l’Homme qui s’évertue à chasser la baleine pour servir son consumérisme. On se demande presque s’il ne s’agit pas de quelques vers extraits d’un recueil poétique de Paul Watson (fondateur de Sea Shepherd ndlr)…
En bref, cette chanson, moins longue que son titre ne le laisse présager, est l’association insolite des créations de deux artistes folk-écolo nous offrant une prière à l’Océan, suspendant le temps grâce à une mélodie légère et planante.
Si vous avez aimé To the Last Whale …, vous aimerez aussi :
- Our House de Crosby, Stills, Nash & Young (1970), également composée et chantée par Graham Nash
- Cortez The Killer de Neil Young (Zuma, 1975)
- Borrowed Tune de Neil Young (1974) et son parallèle flagrant avec Lady Jane des Rolling Stones (1966)
- Wolf Moon de Neil Young, issu de son tout dernier album The Monsanto Years (2015)
- A Letter Home de Neil Young, album de reprises sorti en 2013
Chaque mardi, retrouve un morceau rétro* sélectionné avec soin, décortiqué et partagé sur Indeflagration pour le délice de vos oreilles en quête de souvenir ou de fuite du temps présent. Tout cela afin de tenter de fusionner les époques par la musique.
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