Pour leur unique concert à Paris après la sortie de Why Are You OK?, Band of Horses et leur leader Ben Bridwell (notre interview d’il y a quelques mois) avaient choisi l’Elysée Montmartre, récemment rénové.
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Concert de Band of Horses à L’Elysée Montmartre : récit subjectif
D’abord, manger du cheval
L’Élysée Montmartre peut attendre, nous avions faim. Heureusement pour nous, le vingt et unième siècle est miraculeux. Téléphone intelligent en main, nous cherchâmes le seul mot qui comptait pour nous : « nourriture ». Pas de temps à perdre, il fallait faire vite. Cette pizza subit donc un sort tragique, et ce en quelques micro-secondes. Indécrochable portait bien son nom, la pizza ne l’a pas lâchée d’une semelle.
Description balzacienne
Nous voilà enfin arrivé et Indélébile se sentait tout feu tout flamme… avant de voir les cent-quatre-vingt-trois marches qui nous séparaient de notre objectif. Cet Everest enfin gravi, nous fûmes surpris par cette immense salle, au style digne d’une église post-moderne. De grands murs, solidifiés par des colonnes de métal et de pierre, se dressait de ça-et-delà autour de nous. Les moines de ce sanctuaire ne tardèrent à arriver sur scène. Une formation simple : batteur au centre légèrement en retrait, pianiste à gauche et un rang de cordes vocales + cuivres se dressait devant nous. Le fond de la salle était couvert d’une peinture représentant de grands arbres, semblables à ceux présents sur une certaine partie des pochettes d’albums de Band of Horses.
Nous (nous) ruâmes vers le bar, étanchant notre soif à coup de Sprite. Car oui, nous sommes des enfants.
Il nous fallait ensuite un endroit stratégique depuis lequel observer le spectacle. Nous avions juste à nous retourner et derrière nous se trouvait the place to be : une vue superbe sur la scène. Nous n’avions qu’à nous vautrer sur la rambarde, juste à côté d’un caméraman.
La performance : trop fort mais… trop fort !
Que l’on se mette bien d’accord : la performance de Band of Horses était exemplaire, mais fut affaiblie par un son trop fort, détruisant nos oreilles alors que nous nous trouvions au fond de la salle. L’acoustique de la salle n’a sûrement pas été prise en compte mais je ne fais que spéculer. Cela aurait très bien pu être un choix pour montrer la puissance des guitares du groupe. Le problème d’un son trop fort est qu’il crache, on le distingue moins bien que si le volume avait été plus modéré. Me sentant d’humeur chevaleresque, je portai régulièrement mes mains sur les oreilles de mon Indécrochable partenaire particulière.
Mais ne cra(va)chons pas sur ce groupe mythique qui a su nous tenir captivés malgré la fatigue, en ce lundi matin… Nous n’aimons pas le lundi. Son poids terrifiant se faisait ressentir dans nos jambes et nos paupières. Mais n’ayez crainte ! J’eus la chance qu’Indécrochable s’installât sur la barrière la plus proche, comme un ninja dans la nuit, alors que son dernier propriétaire se rendait au bar juste derrière nous. Que voulez-vous, le monde n’est que bataille. Celui qui se montrera le plus fin stratège sera le moins fatigué.
Quand à nos yeux, il était difficile d’esquisser leur clôture, et ce grâce à la puissance du son des basses et de l’intensité de la voix du leader de Band of Horses, Ben Bridwell, souvent combinée à celle de ses camarades,
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Arrivé au dernier morceau, The Funeral, grande favorite des fans du groupe (et de moi-même), je me suis demandé si cette chanson était autant supérieure que mon cerveau me le faisait croire. Car dès les premières notes, je me suis immédiatement dit qu’elle était absolument extraordinaire. Non seulement le riff, bien que simple, donne des frissons, mais l’alternance entre calme et tempête nous permet de reprendre des forces, avant de chanter le refrain en cœur, faisant trembler les fondations de l’Elysée Montmartre. Plus de fatigue, juste la musique et toute la puissance de l’archevêque Ben Bridwell. Mais cette œuvre n’est pas la seule chanson habilement écrite et équilibrée de Band of Horses qui a marqué les esprits ce soir. On peut aussi citer No One’s Gonna Love You, qui remplit parfaitement le cœur d’une joie permanente, nous envahissant comme de l’encre dans une eau pure.
Les transitions étaient agréables, aucun blanc, comme des dizaines de teasers avant le film, chauffant la foule déjà brûlante à l’idée de fondre dans la masse de la bande de chevaux (je n’ai pas pu m’en empêcher).
Session acoustique de No One’s Gonna Love You par Band of Horses chez les génies de KEXP
Le maître des lumières
Pour conclure je voudrais parler d’un chef d’orchestre invisible par la masse, mais que nous pûmes largement observer lors de sa performance : le maître des lumières, tapant sur son clavier comme un pianiste. Ce gars-là vivait vraiment l’événement à fond et nous a raconté une belle histoire, depuis son royaume caché.
Mon Indécrochable partenaire et moi avons adoré ce spectacle intense. Dommage que nous soyons sourds désormais… Mais bon, si c’est pour ne plus entendre les parisiens parler, ça nous va. Notre banlieue nous attend maintenant.