Contemplation. Sans doute le mot le plus fidèle à notre état d’esprit tout le long du concert de Sufjan Stevens, ce mercredi 9 septembre 2015.
Son dernier album encensé par la critique (Carrie & Lowell), rien d’étonnant à ce que les deux dates au Grand Rex du prodigieux multi-instrumentiste américain se soient retrouvées complètes en si peu de temps. Mais ce que nous n’avions peut-être pas anticipé, c’est à quel point le talent de Sufjan Stevens s’exprime tout particulièrement en live (setlist à écouter au bas de l’article).
1ère étape : planter le décor
D’abord, il y a l’attente silencieuse. Sufjan chauffe doucement sa voix sur les morceaux de Carrie & Lowell (Should Have Known Better, Death With Dignity, No Shade In The Shadow Of The Cross …), astiquant sa guitare en doux arpèges. Une délicieuse torpeur commence à s’emparer de l’assistance, figée dans une admiration muette.
Mais ce n’est que le début.
Après avoir déroulé l’intégralité de Carrie & Lowell (mention spéciale à All Of Me Wants All Of You), la déflagration survient avec une incroyable version de Vesuvius (Age Of Adz). Les jeux de lumières se mêlent à des associations d’instruments fascinantes, face à une assistance plus qu’attentive.
Au milieu de tout cela, Sufjan Stevens apparaît sous son plus beau jour. Celui d’un multi-instrumentiste, certes, mais surtout d’un arrangeur de génie. Chaque instrument reste discible dans un ensemble qui tient de la magie. En y ajoutant des montées de voix faisant penser aux plus beaux passages des morceaux de Patrick Watson, ainsi qu’un morceau totalement instrumental construit en un crescendo monstrueux d’une bonne dizaine de minutes, on ne peut que finir comblé… Et les sens totalement éveillés.
2e étape : éclater la toile
Après un salut faussement final, le rappel le plus long de l’histoire s’initie. Et ce n’est pas un mal du tout !
L’occasion de s’attarder un moment sur Sufjan Stevens et les musiciens qui l’entourent. Vêtu le plus simplement du monde d’un T-Shirt portant l’inscription Hustler et d’une casquette lors de la deuxième partie, ses musiciens ne sont pas habillés moins simplement. Seul son sénior claviériste-mixeur-melodica-tromboniste (faute de meilleure appellation) sort du lot avec son look de geek métalleux, sa barbe et ses cheveux longs comme la distance entre l’Illinois et Paris.
Bref, ces 4 musiciens géniaux sont d’abord et avant tout parfaitement coordonnés dans des instrumentations de plus en plus complexes (mention spéciale au batteur et à la choriste principale). Ils switchent d’un poste à un autre, tandis que Sufjan se positionne au centre comme véritable chef-d’orchestre. Preuve en est ce moment caucace où celui-ci oublie de mettre le son au banjo joué par l’un de ses musiciens : on comprend alors que le héros de la soirée contrôle absolument tout.
3e étape : les derniers coups de pinceau de Sufjan Stevens
Dans ce rappel aux airs de deuxième partie donc, Sufjan Stevens est revenu interpréter les belles mélodies qui ont lancé sa carrière, notamment I Do Love You et l’incroyable Chicago (Illinois), qui vient clore près de 2h30 d’un concert absolument inoubliable. Sufjan Stevens nous a emportés. On le suivrait les yeux fermés faire un tour des States.
Tiens-toi prêt, Sufjan. On ne manquera pour rien au monde ton prochain concert parisien !
Notre verdict sans suspense pour ce concert :
Sufjan Stevens : iiii
2 heures et demie intenses et fascinantes. Inoubliable.
Le baromètre de notation Indeflagration évolue de i (déconseillé) à iiii (indispensable)
La setlist du concert à écouter sur Soundsgood