Chet Faker, Flavien Berger, Todd Terje, Moderat, M.I.A, MCDE, Tale Of Us… Une programmation de rêve pour le Pitchfork Music Festival 2016, un des festivals parisiens les plus attendus de l’année !
Sous un véritable déluge de sensations, dans l’enceinte furieuse de la Grand Halle de la Villette, nous avons embarqué pour un voyage autour du monde en 6 étapes.
Le Texas, symphonies violentes et mélancoliques avec Explosions in the Sky
Le groupe post-rock texan livre une prestation intense et originale au Pitchfork Music Festival. Derrière une pluie de lumières orange, bleues, vertes, orange encore, puis arc-en-ciel, Explosions in the Sky offrent un concert instrumental captivant, voire hypnotisant. La richesse des mélodies ainsi que l’énergie forte délivrée par les 3 guitares, 1 basse, 1 batterie, 1 synthé compensent amplement l’absence de chant.
Une des premières choses frappantes avec Explosions in the Sky reste la superbe utilisation des trois guitares. Entre cris stridents, arpèges réverbérés et rythmes saturés, elles mènent la danse. Une conversation entre les trois instruments qui se répondent, qui débattent, laissant parfois la haine l’emporter sur la douceur, souvent laissant la mélancolie s’imposer. On remarque également une très belle présence de la basse. Elle martèle le rythme avec force, mais interprète également des lignes de mélodiques venant s’immiscer parfaitement au sein du jeu des guitares entremêlées.
La force du groupe est ainsi de parvenir à renvoyer des émotions contraires : tendresse et violence, tristesse et joie, faiblesse et force. Une énergie immense délivrée dans un concert intense.
Le live de Explosions in The Sky au Pitchfork Music Festival 2016, en intégralité via Culturebox
Acapulco, palmiers, samba et électro avec Todd Terje & The Olsens
C’est sur fond de palmiers que le norvégien Todd Terje nous livre un show qui nous rapproche plus du Brésil que de la Scandinavie. En effet, accompagné d’un guitariste, d’un percussionniste et d’un batteur, le DJ mélange les genres.
House dansante couplée aux riffs, accords de guitares et percussions donnent un cocktail hybride et déjanté. Les influences sont diverses : sonorités sambas et percussions latines, disco, house, funk. La foule est totalement conquise, entre l’impression de siroter un cocktail sur une plage pendant Svensk Sås et celle d’une transe / délire total sur le tube Inspector Norse.
On reste impressionné et complétement enjoué par ce live (surement notre prestation préférée de cette deuxième journée du festival). Pas étonnant pour un artiste dont l’album It’s Album Time est sûrement un des meilleurs albums de musique électronique de ces dernières années. Delorean Dynamite, Preben Goes to Acapulco, Inspector Norse et tant d’autres parlent pour lui. On comprend mieux pourquoi l’artiste a été surnommé King of the summer jams par le magazine Mixmag.
Berlin, lyrisme noir avec Moderat
En fin de soirée, le groupe berlinois Moderat (formé d’Apparat et Modeselektor) nous plonge dans une atmosphère bien plus sombre. On y écoute d’abord le très bon album III (2016), plus noir que leur précédent album. Une trilogie ponctuée par un album tout en maîtrise. On y apprécie les superbes Eating Hooks, Running notamment, ainsi que la confusion d’influences diverses (Radiohead, Four Tet).
Le concert reprend cette ambiance. Dynamisés par leur tube A New Error en début de live, on louvoie vers les terrains de l’album III ensuite, avec Medication projeté pendant Eating Hooks, et l’accrocheur Running. Il était difficile de succéder à l’ambiance chaleureuse de Todd Terje. Moderat parvient cependant à signer une prestation élégante, moins dynamique, mais touchante et saisissante.
Orient & Acid House avec Acid Arab
Après la prestation rafraîchissante d’ABRA et celle complétement ratée de M.I.A, Acid Arab redynamise la Villette avec sa house acide aux influences orientales. Le mélange est original et séduisant. On y retrouve le travail de l’album Musique de France. Sorti en octobre, ce nouvel opus célèbre le cocktail magique acid house + musique orientale, sur lequel Acid Arab a fait venir des artistes/chanteurs d’Afrique et de Tunisie pour les voix. La boule géante entre les trois artistes n’a cessé de se remplir de fumée devant une foule séduite.
Plages paradisiaques, danse, house, funk, jazz et soul avec Motor City Drum Ensemble
Surement le live le plus enthousiasmant de tout le festival. En effet, Motor City Drum Ensemble – MCDE pour les intimes – aura réussi à remonter le temps, en jouant de 1h40 à 3h puis de 2h à 2h15, ainsi qu’à faire danser tout le monde avec une musique fédératrice. Un public heureux, de l’espace dans la fosse, une belle progression qui a su entretenir et satisfaire tout le monde.
Danilo Plessow (MCDE) montre ici son talent à fusionner les genres. Héritier de la House de Détroit (Moodymann) comme de Chicago (Lil’ Louis), mais également un amoureux Jazz (il commence la batterie à l’âge de 6 ans), il invite également le Hip Hop et la Soul qu’il aime tout autant. Devant un écran projetant graphismes, dessins animés de routes, sauts en parachute ou paysages, MCDE livre une Deep House généreuse et sincère. Le public est tout de suite nettement plus souriant que pendant le concert de M.I.A…
Bonus : pour les fans de ce type de musique on recommande également Detroit Swindle (Carl Craig, Bennie Maupin, Marcus Belgrave, Geri Allen, and Regina Carter). Tout particulièrement leur morceau Think Twice, une petite perle du genre.
Techno des catacombes avec Tale of Us
Tale of Us est surement l’un des artistes techno les plus respectés de son époque, à juste titre. Le duo italien basé à Berlin arrive à proposer une musique techno sèche, sombre, qu’on imagine jouée dans un obscur sous-sol en pierre. Se dégage cependant une vraie beauté, une élégance, quelque chose de poétique. C’est le même ressenti qu’avec un de nos artistes préférés du genre, Recondite, qui a signé avec son album Iffy (dont le sublimissime Levo) un des meilleurs albums du registre.
Tale of Us et Recondite collaborent également sur le dernier album de l’allemand (Placid) avec le très beau titre Sequenze. C’est de cet univers propre aux deux artistes dont nous avons pu profiter. Une musique sombre et épurée mais toujours touchante et belle. Un très beau live pour clôturer cette édition 2016 du Pitchfork Music Festival.
Matez un bon nombre des lives du Pitchfork Music Festival 2016 via Culturebox