Il y a environ 10 jours, Indésilver et Indenath se sont rendus à Saint Malo pour la 27ème édition du mythique festival La Route du Rock, Collection Été. Un oasis pour la musique indé dans lequel nous nous étions déjà abreuvés en 2017 (voir les live reports du jour 1 – jour 2 – jour 3).
S’il fallait retenir 5 moments / endroits / découvertes de la Route du Rock 2018 ce seraient :
1. La plage de Bon Secours, un lieu de rencontres aux plaisirs multiples
Bronzer, chiller, boire des coups, se faire offrir des casquettes roses et noires très stylées, allongés sur le sable chaud, à écouter des musiciens talentueux, en gardant ses poches pleines… C’est possible et ça se passe à la plage de Bon Secours, à Saint Malo.
Chaque jour, à 14h30, c’est Topper Harley qui ouvre le bal (du rock). Anciennement programmateur de la Mécanique Ondulatoire à Paris, l’icône rock parisienne a su évoluer et s’adapter au changement d’environnement, tout en gardant une identité musicale bien à lui. Ses sets à la fois entraînants et rassurants, subtils et familiers, rencontrent un franc succès auprès du public bord de mer. Puis s’ensuivent les artistes : Chevalrex, conteur rêveur à la plume exigeante et aux mélodies douces et singulières et Marc Mélia, compositeur interprète aux sons cosmiques et parfois déroutants.
Enfin, Forever Pavot, le groupe de rock psychédélique, un peu barré mais tout à fait sympathique, fait monter la température d’un cran. Le public un peu timide jusqu’alors commence à se mouvoir, plutôt réceptif aux appels des jeunes musiciens.
Photos des concerts sur la plage à La Route du Rock 2018
2. Étienne Daho, l’indétrônable
Il y a quelque chose de rassurant quand on s’aperçoit que la voix est toujours la même et les rythmes et l’identité musicale du chanteur, également. C’est le cas d’Étienne Daho, sur la scène du Fort Saint-Père. L’éternel adolescent a gagné en assurance et est en osmose avec son public qui l’adore. Les tubes intemporels, notamment Week-end à Rome, Épaule Tatoo et Tombé Pour La France sont repris avec ferveur et joie par un public qui danse et se balance sur les rythmes tendres et syncopés.
On se laisse charmer pas la douceur de la voix et ses très beaux graves. Quand Daho quitte la scène, on se surprend à être plongés dans une nostalgie heureuse et suspendue, comme hors du temps.
3. Patti Smith, l’enchanteresse du Fort Saint-Père
Samedi 18 août, il est 21h, le jour qui tombe est paisible mais dense et la nuit qui suivra le sera aussi. La demi-lune est là qui attend sa grande prêtresse, celle qui va commencer son show par une bénédiction de la foule. Patti Smith est sur scène, à la fois charismatique, forte, souriante, bienveillante, heureuse d’être là.
« I know that everything is just fucked off in the world, but I’m still feeling fucking happy »
Elle interprète ses plus grands tubes Because The Night ou Gloria, pour n’en citer que quelques-uns, auprès de son fils Jackson, venu l’accompagner sur scène.
| Voir aussi : le live report de son set au Bluestfest Festival 2016 à Byron Bay (Australie)
Patti Smith incarne parfaitement son rôle d’impératrice du rock mais sait aussi faire dans l’extrême douceur et l’émotion forte. Notamment lorsqu’elle nous conte l’histoire d’un jeune garçon russe, témoin du meurtre de sa mère et qui prend la fuite pour grandir seul dans la forêt. La chanson s’appelle Tarkovsky, et est issue de son album The Second Stop is Jupiter.
La voix est toujours aussi profonde, envoutante, et quand elle chante presque désespérément Come Back,o n ne voit pas qui pourrait lui résister … S’ensuit un appel au rassemblement pour s’unir contre les grandes crises et menaces qui pèsent sur la planète et sur ses habitants :
« Our climate is changing
Our climate is shifting
But we can do things if we hand together
The global people and the young people of our world are our hope
We have to save our world, our air, our water
The people, no matter how old it is
Life is the best thing we have
Cherish it, be healthy, be happy, be fucking free! »
s’exclame-t-elle avant d’enchainer sur son mythique People Have The Power.
Patti Smith a gardé sa silhouette de grande ado, seuls ses cheveux marquent son âge. Ses gestes rythment une musique qui ne date pas, car elle est profonde et belle, presque viscérale. Elle entraine toutes les générations et toutes les cultures. Ses bras fins et ses longues mains tour à tour évoquent, mais surtout, invoquent.
Car, oui, son chant est une incantation. À la paix, à l’amour, à la vie. Moment rare et sublime que la plupart des festivaliers ne sont pas prêts d’oublier.
Les photos du concert de Patti Smith à La Route du Rock
4. Des découvertes inattendues aux portes de la ville
En balade entre les remparts de la ville bretonne, nous croisons la route de plusieurs musiciens de rue, dont certains ont particulièrement marqué notre attention :
- JJ Leto, pour son talent de guitariste indéniable et ses compositions tout à fait singulières.
- Gee Gee Kettel, pour un jeu d’harmonica digne d’un maître, pour ses qualités d’interprète, et pour avoir choisi de reprendre les meilleurs titres des plus grands de la musique pop folk anglaise (It’s All Over Now, Baby Blue de Bob Dylan, ou encore Marianne de Leonard Cohen).
- Wanda’s Waggon, une famille de musiciens au look de cow-boys. Un couple et leur fille qui fait la démonstration de ses nombreux talents face à un public nombreux et, apparemment, scotché. Violon, saxophone, chant, la gamine super à l’aise et pleine d’assurance passe d’un instrument à l’autre sans grande difficulté et mène la danse.
- Jeanne, une jeune chanteuse, qui interprète de sa jolie voix douce et claire des reprises et compositions de son répertoire de variétés pop, tout en s’accompagnant de son piano.
Nous sommes charmés.
5. Un line-up globalement convaincant
Les deux têtes d’affiche du vendredi et samedi mises à part, nous retiendrons de cette édition que Shame n’ont pas perdu de sa fougue (live report de leur passage à la Collection Hiver 2017) et de sa folie, et qu’Ariel Pink est un dieu sur scène qui maitrise l’art du spectacle à la perfection.
Nous regrettons de n’avoir pu assister aux concerts du troisième soir, mais avons la ferme intention de nous rattraper lors de la prochaine édition. Charlotte Gainsbourg était apparemment pleine de charme et génératrice d’émotions… Nous avons heureusement pu en profiter à Rock en Seine le week-end suivant.