Il n’est pas rare qu’un groupe n’éclose pas là où on l’attend. Des Runaways à Phoenix en passant par Sixto Rodriguez, de nombreux groupes ont connu le succès loin de chez eux, dans des pays où l’on ne comprend parfois pas bien leur langue.
Pour certains, ces succès ponctuels et parfois inexplicables ont servis de catalyseur. Pour d’autres, ils ne resteront peut-être qu’un éclair dans la nuit…
1. The Runaways au Japon
Qui aurait pu imaginer qu’un groupe 100% féminin faisant du rock pur et dur (précurseur du punk) en pleine période glam aurait autant de succès au Japon ?
Comme narré dans le film éponyme qui leur a été consacré en 2010, les Runaways n’ont jamais connu un succès retentissant aux États-Unis. C’est bien au pays du Soleil-Levant que la bande de Joan Jett a obtenu ses meilleurs classements dans les charts et réalisé le plus de concerts sold-out. L’engouement des nippons (et nippones) était tel que Joan Jett décrivit leur accueil à l’aéroport en 1977 – totalement inattendu – de “semblable à la Beatlemania“. Pendant leur tournée au Japon, les Runaways avaient leur propre TV show, firent de nombreuses apparitions sur toutes les chaînes japonaises et sortirent même un album live.
Cherry Bomb – Live titanesque au Japon (1977) – Le live complet ici
Leur carrière éphémère (1977-1980) et chaotique ne leur permit pas de connaître les éventuels retentissements de leur renommée japonaise aux États-Unis. Après leur séparation définitive en 1980, seule Joan Jett connaîtra le succès en solo, notamment avec le morceau devenu hymne I Love Rock ‘n’ Roll.
2. Baxter Dury en France
Bon, on ne va pas vous cacher que, pour Baxter Dury, on aurait préféré que cela reste chez lui. Non pas seulement chez lui outre-Manche, mais chez lui dans sa chambre, dans un placard barricadé verrouillé définitivement par un cadenas de l’étain le plus solide.
Mais, alors qu’il peine à éclore sans son pays, un concours de circonstances assez inexplicable – c’est en tout cas notre théorie – a fini par faire exploser ce dandy étrange en France. À commencer par la propagande des Inrockuptibles, dont il participait au festival en novembre, et qui lui a consacré sa une.
Sans doute sa personnalité de Gainsbourg moderne et ses textes à connotation sexuelle ont joué. Plus convaincant serait que ses mélodies simplistes mais “étranges”, couplées à une voix inhabituelle (et tout à fait insupp.. Hum, objectivité avant tout.) ont séduit une frange importante de la population hipsterisée de notre temps.
Avec seulement 163.000 vues sur Youtube, Palm Trees garde donc une audience modérément élevée, tendant à confirmer l’idée d’un succès “de presse”. Mais un mystère persiste : pourquoi la presse en a-t-elle fait son chouchou ?
Tout le monde peut (dire) aimer ou détester Baxter Dury.
Il est sans doute tentant de dire aimer Baxter Dury, pour paraître “stylé” et original … Étant donné qu’il est absolument incompréhensible d’aimer ces mélodies minables et cette voix qui débecte, votre interlocuteur ne comprendra pas pourquoi vous l’aimez, et supposera chez vous une profondeur d’esprit et des goûts personnels élaborés qui n’ont de réalité que votre absence de sens critique. BAM, la clé du phénomène expliquée !
Bon sang, ce n’est vraiment pas terrible Baxter Dury quand même… Ça ne détend pas, ça ne motive pas, ça ne fait pas danser, ça ne fait pas réfléchir, ça n’a même pas le mérite d’annihiler la pensée, et en plus c’est mauvais musicalement, mélodieusement et harmoniquement parlant. Cela interpelle, certes. On s’interroge : pourquoi un artiste d’une médiocrité pareille a-t-il été produit ? Et comment peut-il recueillir l’agrément d’autant de critiques musicaux en France ?
Compréhensible et intolérable succès en France donc. Mais nous n’attendons qu’à être surpris par la suite…
À venir : Sixto Rodriguez en Afrique du Sud et Phoenix aux États-Unis