Ce vendredi 3 juillet 2015, le festival Beauregard s’ouvrait devant nos yeux ébahis d’aficionados accrédités. Et il n’y a pas à dire, le festival normand avait prévu du très lourd pour sa 7e édition ! Retour en images, sons, notes et analyses sur ces trois jours riches en découvertes.
Voir aussi > Photos, enregistrements live et insights de conférence de presse du festival au jour le jour
Christine and The Queens, Alt-J, Jungle, Django Django, Sting, Lenny Kravitz, Florence & The Machine… Comment rater une occasion pareille de voir tous ces groupes et artistes de renom réunis en France le temps d’un week-end ?
Flagrant Délice et Socrate Flagrant (l’une de ces personnes parle ici à la 3e personne – pardon d’avance pour ce surcroît de narcissisme) étaient donc en vadrouille sur le beau domaine de Beauregard pour vous faire vivre ces trois jours avec des insights de conférence de presse, photos et autres enregistrements en live. Avec cette édition très réussie, le festival Beauregard a encore de très belles années devant lui !
Nota Bene : les notes des concerts peuvent aller de i (décevant) à iiii (prestation exceptionnelle)
Vendredi 3 : Cypress Hill, Christine and The Queens, Alt-J et Jungle
Nous arrivons plutôt fringants pour le début du concert de Cypress Hill. Nous connaissons de nom ces précurseurs du rap US. En tout cas, c’est ce que nous prétendons. Flagrant Délice souligne un instant la délicatesse et la poésie du nom du groupe. Mais c’était sans savoir ce qui nous attendait…
Cypress Hill : power marijuana
Sacrés showmen que B-Real et Sen Dog, qui haranguent la foule à coup de “Jump” et “Are you there?” sur des beats puissants que nous reconnaissons tous pour les avoir entendus et ré-entendus, samplés ou non, à la radio.
Les Cypress Hill ont le mérite d’être assez fou pour nous faire oublier notre appétence modérée pour le rap. Et quand Sen Dog sort le plus gros bédo que nous ayons jamais vus, l’allume et le tire violemment, nous croyons halluciner. Belle introduction à Legalize It, un titre qu’il faudra sans doute mettre un jour en parallèle avec le morceau du même nom par Peter Tosh (à écouter sur notre playlist 99% reggae).
En bref, des showmen qui nous ont bien enjoué, malgré une variété de morceaux un poil limitée.
Notre note : ii ½
Christine and The Queens : dancing (singing) queen
Après avoir vu Héloïse Letissier (alias Christine and The Queens) en conférence de presse pleine d’humour et de malice, nous avions plus que jamais envie de voir sur scène la reine que l’on avait découverte très tôt avec Nuit 17 à 52.
Et comme Indésilver et Indélébile à Papillons de Nuit, nous avons été bluffés par sa performance : alliant une voix parfaitement maîtrisée à des textes surréalistes et poétiques ainsi qu’à une véritable performance scénique, à la fois théâtrale et dansée, Christine semble savoir tout faire. On retiendra particulièrement notre coup de coeur Saint Claude, dont la chanteuse a révélé l’inspiration :
“J’ai écrit cette chanson pour un garçon de ma classe, qui était très maladroit et un peu hors du monde. Personne ne le regardait mais moi, je le trouvais fascinant. Voici Saint Claude”
On ne peut s’empêcher d’attendre avec hâte le deuxième album, ne serait-ce que pour voir enrichies les performances scéniques de la star montante – presque étonnée d’être programmée sur le créneau des headliners – avec ses fidèles Queens. En guise de promesse, on vous livre une info lâchée en conférence de presse concernant un éventuel virage électro assumé pour son prochain opus :
“J’ai envie de plus de transpiration pour mes prochains albums. Et les machines ne transpirent pas encore assez”
Notre note : iii ½
Alt-J : always there
On ne s’attardera pas trop longtemps sur la performance d’Alt-J, que nous avions déjà vus lors de leurs passages à L’Olympia en 2013 et au Zénith de Paris cette année.
Toujours au rendez-vous, les britanniques ont livré une prestation solide avec les toujours exceptionnels Taro, Matilda ou encore Breezeblocks, repris en choeur par le public. Les morceaux du deuxième album beaucoup plus planant que le premier (hors Left Hand Free, Hunger of the Pine et le frustrant mais génial Every Other Freckle), privilégiés pendant toute la deuxième moitié du set de Alt-J, ont ramolli l’ambiance enivrante que les magiciens de Leeds avaient réussi à fabriquer de toute pièce.
Malgré un set peu original, assez mou et statique à la longue, le rappel sur Breezeblocks a rattrapé l’essentiel, nous prouvant, si cela était encore nécessaire, que Alt-J sera un groupe essentiel des années (décennies ?) à venir.
Notre note : iii
Jungle : O.K.
Ayant adoré certains morceaux du premier album de Jungle sorti en 2014, nous attendions leur concert avec une certaine impatience.
Au final, une prestation d’ensemble assez décevante, que nous avons quittée avant la fin. Le groupe britannique n’est pas parvenu à électriser la foule à cette heure tardive (set de 1h à 2h du matin), et malgré des morceaux maîtrisés, a affiché une certaine uniformité stylistique peu à même de rassembler tous les publics présents.
On notera tout de même les fameux Time et Busy Earning qui, en détonnant par leur entrain tout particulier, ont souligné le manque de nuances et d’élan des autres morceaux. Nous avons tout de même bon espoir que Jungle parvienne à produire plus que des tubes isolés pour son prochain album !
Notre note : ii
Les photos du vendredi à Beauregard
Samedi 4 : Johnny Marr, Florence & The Machine et Sting
Nous arrivons pour la fin du set de Johnny Marr. Flagrant Délice fait remarquer que l’ex-compositeur et guitariste remarquable des Smiths interprète le générique de Charmed. Socrate Flagrant fait mine de n’avoir rien entendu. Jouant et chantant quelques-uns des morceaux qui ont fait le succès du groupe culte actif seulement de 1982 à 1987, Johnny nous séduit, même si la voix de Morrissey plane au dessus de la scène John…
Florence + The Machine : déflagration rousse
S’il n’y avait qu’un concert à retenir du festival, ce serait sans doute celui-là. Florence Welch et sa bande ont littéralement enflammé Beauregard avec une prestation de haute volée. Entre l’exceptionnel voix puissante de la showgirl Florence, la diversité instrumentale du groupe (harpe, cuivres etc.) et des morceaux ayant tous au moins la prestance de véritables tubes, nous avons été servis en détonations musicales.
Il n’y a plus qu’à vous faire profiter des enregistrements live, dont la qualité vous laisse présager de celle du concert en réel (nous ressentons votre frustration) :
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Notre note maximale : iiii
Sting : le swag tranquille
Oui, swag est un mot qui convient au géant du rock britannique.
Alternant entre tubes de The Police (So Lonely, un enchaînement magistral de Walking On The Moon et Message In A Bottle, le medley Roxanne – Ain’t No Sunshine qui commence à devenir une habitude) et ses succès personnels (Englishman In New York, Fields Of Gold…), Sting a comme d’habitude montré toute l’étendue de son talent et de sa capacité à s’entourer de musiciens exceptionnels, à l’image de son violoniste qui a manqué d’exploser son instrument, lancé dans un solo légendaire sur Driven To Tears.
Le point négatif : le set de Sting était quasiment à l’identique de celui réalisé lors de sa tournée avec Paul Simon (la chronique de Ingéflagrant et Dandy Flagrant pour son passage au Zénith de Paris ici). Juste un tout petit poil frustrant
Notre note : iii ½
Les photos du samedi à Beauregard
Dimanche 5 : Elecampane, Django Django, Asaf Avidan, Timber Timbre et Lenny Kravitz
Nous arrivons relativement tôt (Socrate Flagrant a de petits problèmes de ponctualité) pour assister au concert de Elecampane, groupe normand qui ne manque pas de planter le décor (“nous ne sommes pas George Ezra“, qui devait jouer à leur place).
Elecampane : nonchalance remarquée
Malgré des morceaux plutôt classiques, ne se démarquant pas forcément énormément des autres groupes rock 2000’s, Elecampane est l’exemple même du groupe que l’on trouve ‘sympa’. Les mélodies sont sympa, la voix du chanteur/guitariste est sympa, l’ensemble est sympa. Un petit côté Libertines/Babyshambles (en un peu moins rough) se dégage néanmoins, amenant une touche de nonchalance dont on n’avait encore peu pu profiter à Beauregard, confirmant l’éclectisme de la programmation du festival.
Un moment sympa (voire très sympa) donc et un groupe à suivre pour les fans de garage rock.
Notre note : ii ½
Django Django : dance et expérimental
Le groupe britannique au style indéfinissable (et ils le revendiquent !) nous plaisait depuis un certain temps. Après avoir pu profiter de leur verve et leur humour – indescriptible lui aussi – en conférence de presse, nous avons plus qu’apprécié leur concert dansant et enivrant. Et nous n’étions pas les seuls, la foule dansant aux notes de Hail Bop, Default ou encore First Light (à écouter ci-dessous).
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Le contraste entre les deux albums Django Django et Born Under Saturn était encore plus flagrant en concert, les morceaux du premier paraissant plus bruts et punchys, ceux du deuxième plus épurés et commerciaux. Mais bon, on ne va pas leur en vouloir d’explorer de nouveaux horizons.
A revoir, ré-écouter et continuer de suivre à tout prix.
Notre note : iii
Asaf Avidan : showman né
Il a tout. Une voix unique en son genre et aux inflexions exceptionnelles, un style de bôgoss, une présence scénique de dingue, un groupe exceptionnel l’accompagnant sur scène (femmes à la batterie, au clavier et à la guitare, c’est suffisamment rare pour être signalé !)
Avec un répertoire très bluesy, Asaf a enthousiasmé les foules avec des morceaux, pour la plupart inconnus au bataillon mais diablement entraînants, qu’il a tirés parfois pendant 10 minutes ! Comme ce One Day interminable, débuté par une intro seul à la guitare et poursuivi dans tous les sens.
A la fin de sa prestation plus que sportive, Asaf invite ses musiciens à venir saluer avec lui . Quel bôgoss.
Peut-être seul point négatif à signaler, le prolongement des morceaux était un poil trop long, surtout quand ceux-ci ne comportent pour la plupart pas plus de quatre accords. Hâte que Asaf Avidan ait plus de morceaux à venir nous présenter sur scène !
Notre note : iii ½
Timber Timbre : pas un groupe de live
Devant une foule parsemée venue se placer en avance devant l’autre scène pour assister au show final de Mr Lenny Kravitz (voir plus bas), les membres de Timber Timbre ont déroulé des morceaux piochés dans les trois albums déjà très remarqués du groupe.
Leur présence scénique assez molle ne détonne cependant pas avec leurs morceaux très planants. Peut-être trop, en tout cas pour le live. Certaines épines comportant un véritable crescendo presque haletant ressortent et nous emmènent un court instant. La ballade Black Water fera également son effet pour les spectateurs restants (à écouter ci-dessous). L’ensemble reste cependant assez décevant. Comme quoi toute musique n’est sans doute pas faite pour être jouée en concert.
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Notre note : ii
Lenny Kravitz : conclusion au sommet
Tout le monde l’attendait, et il a répondu présent. Sir Lenny Kravitz avait prévu un show explosif pour venir conclure le festival Beauregard pendant 1h30 et distiller ses tubes planétaires.
Mais visiblement, il n’avait pas compris que celui-ci devait ne durer QUE 1h30. En tout et pour tout, nous avons du assister à 6 ou 7 morceaux, parmi eux les célèbres It Ain’t Over Til It’s Over ou I Belong To You, prolongés par des solos exceptionnels et épiques de son saxophoniste, son trompettiste, son guitariste (coiffure de plumeau ou pissenlit) ou encore sa batteuse extrêmement swag.
Et Lenny insiste bien sur le fait que ce sont des stars. Il n’est qu’une star parmi elles, peut-être le chef d’orchestre, mais rien de plus. Les morceaux qu’il chantent sont l’occasion de présenter à chaque fois un nouveau membre de sa team, poussé sur le devant de la scène pendant au moins 3 minutes.
En tant que musiciens, Flagrant Délice et Socrate Flagrant apprécient ces instants magiques où la musique et le talent brut prennent le devant sur le chant. Nous avons été conquis, au bout de la nuit, avant de reprendre la route pour Paris.
Notre note : iiii