Salut Dom et Joe. Dites nous, quel est votre meilleur souvenir de live avec Nothing But Thieves ?
Dom : J’en ai un, assez drôle. On jouait à Manchester. Conor entrait en contact avec la foule, et le premier rang était composé exclusivement de jeunes filles. Il a sauté de la scène mais elles n’ont pu le porter et il est tombé au sol. Il était allongé par terre. On regardait tous autour de nous sans pouvoir le voir. Il est revenu sur scène mais il avait le souffle coupé et ne pouvait plus chanter. Je rigole aujourd’hui mais sur le coup on se disait juste « Oh mon Dieu ».
Vous venez d’où en Grande-Bretagne ?
Dom : On vient de l’Essex.
Joe : On habite à Londres aujourd’hui. Essec est à 1 heure environ.
Dom : On s’est rencontrés là-bas. Joe et moi nous sommes rencontrés grâce à son ex-petite amie qui était une de mes amies. Joe est allée à l’école avec Conor. Phil, le bassiste, est mon cousin. Price, le batteur, jouait dans un autre groupe dans la région mais nous a rejoints ensuite.
Un endroit où vous rêvez de jouer un jour ?
Joe : je suis un fan inconditionnel d’Arsenal. Donc l’Emirates Stadium, définitivement. Je pense que Muse y a déjà joué d’ailleurs. Si on pouvait jouer là-bas, je me sentirais tellement bien, comme si j’avais réalisé mon rêve.
Nous avons beaucoup entendu (et pensé !) que la voix de Conor ressemblait à celle de Thom Yorke ou encore Jeff Buckley. Ces deux artistes vous inspirent-ils beaucoup ?
Dom : Oui, c’est certain, ce sont des artistes que nous écoutons très souvent.
Joe : Nous avons commencé en écoutant un album de Jeff Buckley que j’ai montré aux autres membres du groupe. On l’a beaucoup écouté quand on composait nos premières chansons.
Dom : Ils sont tellement bons à ce qu’ils font, tous les deux.
Joe : Conor ayant une voix assez similaire, cela nous a beaucoup aidé à voir où nous pouvions nous placer, les guitares et autres instruments compris.
Vous avez des goûts musicaux similaires dans le groupe ?
Dom : Globalement oui. Certains d’entre nous écoutent des groupes que d’autres n’écouteraient jamais. Par exemple, Price est fond dans le pop-punk mais… Nous non ! J’aimais beaucoup la musique tonique… Mais autrement nous écoutons les mêmes groupes.
Comment composez-vous ?
Joe : Nous sommes principalement 3 à composer : Conor, Dom et moi. On écrit ensemble. On n’a pas vraiment de formule magique, cela peut venir de la musique ou des paroles en premier… Ça arrive tout simplement. Ça part de nulle part. On ne peut pas planifier l’inspiration.
Dom : Certains de nos morceaux débutent comme distractions d’autres morceaux qui commençaient à nous ennuyer. If I Get High, l’un de mes morceaux préférés de l’album, en est l’exemple-type. Elle est venue très vite, alors qu’on commençait à ne plus s’en sortir avec une autre composition. J’ai commencé à joué le riff et Joe y a posé des paroles qu’il avait déjà. Ça s’est assemblé comme ça, naturellement. On s’est tout de suite dit : « O.K. on tient une chanson ».
Quels sont les morceaux de l’album que vous préférez jouer sur scène ?
Joe : J’adore jouer Drawing Pins, un morceau garage.
Dom : Très facile à jouer, même complètement soûls on peut la jouer [rires]. If I Get High est géniale à jouer en live. Je pense qu’on est fiers de tous les morceaux. Peut-être qu’on préfère les plus récentes parce qu’elles sont plus ‘fraîches’. Mais cela change sans arrêt.
Avez-vous conçu l’album Nothing But Thieves comme un tout ou est-il plus une compilation de nombreux morceaux ?
Joe : Nous aimons les albums divers, et détestons les albums de 12 morceaux tous les mêmes. C’est ennuyant… Nous avions vraiment le set live en tête, souhaitions qu’il y ait des montées et des descentes sur l’album comme pour un set live.
Combien de morceaux avez-vous composés avant de vous fixer sur les 16 de Nothing But Thieves ?
Joe : Un milliard ! [Rires]
Dom : Je pense que la shortlist était de 30 ou 40 morceaux… Et nous devions compter une centaine de chansons complètes et idées.
Joe : Quand j’y pense, on était tellement longs au début…
Dom : Et tellement mauvais ! Quand on écoute de nouveau à certains morceaux, on se dit vraiment que c’était atroce [Rires].
Combien d’années à jouer ensemble avant que ce premier album ne sorte ?
Dom : 2, 3 ans. Nous savions que si nous continuions d’essayer – nous sommes très persévérants – nous deviendrions meilleurs, de meilleurs compositeurs.
Joe : Nous sommes des musiciens avant tout, nous avions déjà cela. Mais écrire, c’est tellement différent…
Dom : Nous ne l’avions jamais fait auparavant.
Ça vous a fendu le coeur de ‘jeter’ autant de chansons ? Vous les réécoutez parfois ?
Dom : Nous jouons certaines d’entre elles en live, mais quand on regarde l’album, les meilleurs sont dessus vous savez. On regardera sans doute en arrière dans quelques années. Mais cela ne nous a pas agacé en tout cas !
Avez-vous déjà envisagé de faire quelque chose d’autre de votre vie ?
Joe : Tant que l’on peut faire ce que l’on fait ! C’est une industrie difficile…
Dom : On part du principe que ça peut se finir demain. On profite de chaque nuit et on en tire le plus possible. Mais c’est notre passion, on se sent vraiment reconnaissants de pouvoir en vivre parce qu’on ne peut envisager faire autre chose.
Vous l’avez toujours su ? Que vous feriez de la musique et rien d’autre ?
Joe : Je l’ai toujours souhaité, mais je n’ai jamais pensé avoir la chance d’y parvenir un jour.
Dom : Pour ma part, je joue depuis que j’ai 6 ans, j’ai commencé par la guitare classique. Je n’étais bon à rien d’autre, en particulier à l’école [rires]. J’ai toujours eu à l’esprit de faire carrière en tant que musicien.
C’est marrant (ou pas) de penser que si vous mourrez, on pourrait faire un paquet d’albums posthumes de votre oeuvre… Comme pour Jeff Buckley.
Joe : Oui ! Avec ça on deviendrait tellement riches… Sauf qu’on serait morts.
Quels sont les groupes et artistes avec lesquels vous adoreriez collaborer ?
Joe : Dave Grohl je pense. Tout ce qu’il touche se transforme en or. C’est le Midas du rock.
Dom : Johnny Greenwood, Thom Yorke, Josh Homme…
Vous préférez les grands stades ou les petites salles intimistes ?
Dom : Je pense que les deux ont leurs avantages.
Joe : C’est dingue de voir tous ces gens partout quand on joue dans un stade. C’est stressant mais aussi terriblement excitant. Et la scène est tellement grande, on est beaucoup plus vite fatigués si on bouge pour occuper l’espace.
Dom : Les petites salles sont vraiment cools aussi. On en est à ce point dans notre carrière ou entre 500 et 2000 personnes viennent et apprécient vraiment notre musique, chantent nos chansons en même temps. On transpire beaucoup et tout va pour le mieux [rires].
Cela vous arrive de faire des reprises sur scène ?
Joe : On a fait Where Is My Mind? de The Pixies, Immigrant Song de Led Zeppelin…
Dom : Pour nos propres concerts, on joue essentiellement nos morceaux, mais quand nous faisons des premières parties (comme pour Muse), c’est cool d’en profiter pour faire des reprises parfois. Le public aime vraiment ça.
Vous changez votre set tous les soirs ?
Dom : On n’a qu’un seul album, donc on le joue intégralement pour nos propres concerts il me semble. Quand le groove est bon, les transitions changent beaucoup, deviennent plus douces ou plus incisives au contraire. C’est le bienfait de jouer le même set chaque soir, il devient de plus en plus fort et maîtrisé.
Joe : Dans l’avenir, quand on aura fait d’autres albums, ce sera plus facile de changer de set. Mais on devra également choisir les morceaux, ce ne sera pas facile !
Pour conclure, un nouveau groupe que vous aimeriez nous faire découvrir ?
Joe : Oui, Black Foxxes. Ils vont sans doute faire notre première partie sur notre tournée à venir !