Nous avons eu la chance de discuter avec Asha Laurenz, chanteuse du groupe britannique Sorry, avant la sortie de leur nouvel album Anywhere But Here, le 7 octobre.
Confessions, teasings et cigarettes sur scène: voici tout ce que vous voulez savoir sur Sorry, ainsi que de nouveaux morceaux à ajouter à votre liste de lecture.
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“Nous voulions que notre album sonne comme un live“
Hello Asha ! Comment vas-tu ?
Bien ouais, juste un peu fatiguée. Mais bien !
Excitée de tourner enfin correctement pour les deux albums ?
Oh ouais j’ai hâte! Je suis ravie de jouer les nouvelles chansons, de les partager, de rencontrer des gens… Ce sera amusant. Nous arrivons à Paris la semaine prochaine !
C’est la première fois que vous venez ici ?
Non, on a déjà fait quelques concerts là-bas. Je pense que l’un de mes concerts préférés était à Paris, en fait. Nous avons joué au festival Pitchfork il y a quatre ans, au Supersonic, pour Halloween. C’était vraiment marrant.
Je demande avant la nouvelle tournée – jusqu’à présent, quel serait votre meilleur moment dont vous vous souvenez avoir vécu sur scène ?
Oh, il y en a eu pas mal… On a fait ce festival en Suède, je pense ? Genre le mois dernier, c’était très cool. En plus, on avait le droit de fumer sur scène, c’était assez énorme. Je ne peux pas penser à d’autres plus vieux là comme ça, mais la première fois que tu fumes sur scène, tu t’en souviens.
J’ai écouté votre nouvel album Anything But Here hier soir, et je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer qu’il sonne un peu plus dépouillé que le premier, 925, et que l’EP TWIXTUSTWAIN qui est beaucoup plus proche de ce qu’on peut écouter sur vos Home Demo/ns. Y a-t-il des raisons à cela ?
Oui, je pense que nous voulions en quelque sorte que ça sonne un peu plus live, comme une bonne fusion de style live et post-production, et nous voulions évidemment que ça sonne aussi différent du premier album. On a donc en quelque sorte essayé de dépouiller les chansons et de les construire davantage autour des paroles et du style plutôt que simplement de la production.
Comment est né l’album alors ? Je sais que certains singles faisaient déjà partie de vos setlists en 2020, sur votre album live [‘There’s So Many People That Want To Be Loved’ et ‘I Miss The Fool’ étaient présents sur la sortie limitée du bandcamp de Sorry’s A Night at the Brixton en 2020 – et je ne suis pas peu fier d’en avoir une copie].
Oh ouais! On a fait ce concert pendant le confinement, c’était très bizarre, il y avait cette limite à cinq personnes par table et tu jouais juste devant eux…
Maintenant, pour l’album, le Covid y a probablement joué un petit rôle, mais c’est plutôt la façon dont nos relations se sont poursuivies après le premier album, tout comme les observations sur l’amour… Je pense que c’est juste la vie en général, vraiment. Je ne peux pas vraiment déterminer exactement comment la création de l’album a commencé.
L’EP que vous avez sorti l’année dernière n’y est pas vraiment lié, de ce que je comprends ?
L’EP ressemblait plus à une sorte de petit truc électronique, on avait ce single qu’on savait qu’on pouvait appeler un single et il y avait quelques chansons autour de ça qui, selon nous, fonctionnaient, donc c’est un peu comme ce truc qu’on avait à côté. On savait que l’album allait arriver et que ce serait un truc sympa à sortir en attendant.
Il y a eu des influences artistiques qui ont aidé à l’écriture de cet album ?
Ouais, encore une fois, je ne peux pas identifier exactement pour vous les gens mais j’écoutais beaucoup d’Andi Numan, Stevie Moore, Daniel Johnston… Ce genre de chansons, mais aussi beaucoup de chansons pop et d’autres musiques. C’est vraiment difficile de savoir d’où viennent ces choses, mais oui, j’écoutais vraiment beaucoup de musique, surtout des années 70.
Allons-y pour une question un peu plus concrète, même si un peu dure : quelle chanson serait, pour toi, la plus représentative de l’album ?
Oh, c’est chaud. Peut-être… ‘Tell Me’ ?
Oh sympa. C’est l’une de mes préférées de cet album. Les paroles de fin sont assez bien écrites. En fait, pour être honnête j’ai reçu les paroles avant l’album et j’ai essayé de les lire avant de l’écouter, ce que je ne fais pas d’habitude. Une chose frappante est qu’ils feraient des poèmes assez solides.
Haha c’est sympa, merci !
La fin de ‘Tell Me’, ou évidemment le refrain de ‘There’s So Many People’. Tu penses que la poésie est une partie importante de votre processus d’écriture?
J’adore la poésie, mais je pense que c’est plus comme le résultat de lire beaucoup de littérature, constamment. J’avais l’habitude de lire beaucoup de poésie pendant le confinement, en essayant de les apprendre par cœur, juste pour essayer d’avoir des voix et des gens différents. Je pense que c’est très intéressant de lire beaucoup la même personne, de voir comment elle change ; leurs formes et leurs façons dans différents livres, tout comme, quand tu lis quelque chose pendant un moment et que vous entrez dans son flux, et que ça entre dans ton monologue interne… Ouais. Encore une fois, je ne peux pas l’identifier clairement, mais oui, c’est important.
As-tu un auteur préféré en ce moment ?
Oui, je lis beaucoup de Carlo Rovelli. C’est plus des livres de physique que des romans, mais écrits de manière très poétique. Cela amène les gens qui ne connaissent pas la physique à s’y intéresser. Cela se rapporte aussi beaucoup à la nature, ce qui est assez beau.
Je vais y jeter un œil ! Revenons maintenant à Sorry ; comment s’écrit une chanson de Sorry ? Est-ce toujours le même processus que vous avez suivi depuis vos débuts ?
Je pense que c’est globalement pareil qu’avant. Parfois, on a juste cette idée de paroles et ferons une chanson autour de cela, ou nous n’aurons pas de paroles et nous jouerons quelque chose, et même juste le son de cela –ça peut juste être un sample– influencera toute la chanson et ensuite elle pourrait être construite à partir de là ; ou alors je vais préparer la chanson et nous la changerons juste après quelques discussions… Cela dépend vraiment de la chanson. Elles sont toutes très différentes pour ça.
Comment savez-vous que la chanson est terminée ?
C’est difficile à dire. Je pense que c’est juste un sentiment que nous avons à partir de là. Mais par exemple pour le premier disque, c’était toujours très difficile de le changer parce qu’on enregistrait et c’était sur l’ordinateur ; mais pour cet album, on terminait la chanson sur l’ordinateur, comme les démos, puis nous la jouions en live et ça aidait en quelque sorte à changer les formes, et on essayait de les jouer de nombreuses manières et je pense que ça a en quelque sorte aidé à élargir les chansons.
Vous avez donc enregistré tout l’album en live ?
Exactement!
Oh c’est assez cool. C’est un truc rare en ce moment.
Ouais… C’est bien d’avoir un son différent.
J’ai aussi passé la majeure partie de ma nuit à regarder vos clips. À quel point est-ce important pour vous d’avoir votre propre univers ? Cela semble important pour toi puisque tu essaies d’illustrer toi-même la plupart de tes chansons.
Je pense que c’est important pour tout le monde ! On a juste commencé à le faire et c’est une chose très marrante à faire. Mais on a aussi beaucoup d’images qui nous viennent quand on écrit les chansons ou quand on les joue. C’est assez agréable de mettre les images en vidéo, et les gens peuvent commencer à voir et à l’interpréter d’une certaine manière. Même des choses comme une certaine couleur ou un certain mouvement et enregistrer des scènes ensemble. C’est juste très drôle à faire. Je pense aussi que c’est beaucoup plus difficile de faire ça que de faire des vidéos trash bizarres que personne ne comprend vraiment, ou simplement de faire des vidéos pour toi-même…
C’est pour ça que je te demandais; t’as même créé toute une société de production [FLASHA prod.] pour faire toi-même vos vidéos.
Eh bien encore une fois, je pense que c’est juste amusant à faire. J’adore aussi les films et c’est essentiellement fait avec ma meilleure pote Flo, et on est tous potes donc c’est juste un très beau projet à avoir ensemble, d’autant plus quand tu vois les choses de la même manière!
Le projet a-t-il été créé uniquement pour Sorry ou pensez-vous que vous aimeriez aller plus loin ?
Non, on a fait des vidéos pour d’autres personnes, mais ça reste assez rare. Peut-être plus tard! Mais jusqu’à présent, c’est juste une chose que nous aimons faire pour nous éclater.
Quelle est la vidéo dont tu es le plus fière ?
Ah celles des mixtapes. Je les aime vraiment.
Il y en a une autre de prévue alors ?
Oui, ça va arriver, mais après l’album. Il y a un petit truc de 12 chansons à côté de l’album, caché quelque part. Comme un Home Demo/ns 3. C’est là si tu arrives à le trouver! Il est caché dans l’album.
Nous avions l’habitude d’avoir cette question récurrente à Indeflagration sur les nouveaux grands groupes que vous aimeriez recommander ?
J’en ai quelques-uns ! Je suis vraiment à fond dans Bryan Destiny, il a cet EP vraiment cool, en particulier sa chanson “Feed the Horse”. Il y a aussi Teeth Machine, ce sont des amis, ce qui est très cool. J’écoute aussi Wu-Lu, et ce groupe très sympa qui s’appelle Wunderhorse.
Cela va directement à notre liste de lecture! Je pense que c’est tout ce que je voulais vous demander, alors je vous souhaite bonne chance pour la sortie de votre album et rendez-vous à Paris le 15 !
Énorme ! Merci, à bientôt !
Crédits Photo: Iris Luz