Nous sommes entrés dans le Miami Marketta comme de petits garçons dans un magasin de jeux vidéos. L’endroit était en effet absolument idéal pour découvrir sur scène Ball Park Music, notre nouveau groupe australien préféré. Mais avant cela, nous nous sommes faufilés en coulisses pour poser quelques questions à Sam (chanteur-guitariste) et Jennifer (bassiste). Nous avons tiré quelques chaises dans un endroit tranquille – et par tranquille nous voulons dire INCROYABLEMENT BRUYANT grâce aux balances de The Creases – et papoté entre jeunes.
| Voir aussi : le report de leur concert au Miami Marketta (Ball Park Music live at Miami Marketta: a smash hit!)
Salut Sam et Jennifer ! On imagine que vous n’en pouvez plus de répondre toujours aux mêmes questions, donc pourquoi ne parlerions-nous pas d’à quel point les Magpies terrorisent tout le monde en ce moment ?
Jennifer : [Rires] Tu n’es pas la première personne à nous poser la question en réalité. Oui, les magpies sont terrifiants.
Sam : Quand j’étais à l’université, je vivais près de Magpies, en particulier une femelle et ses bébés. Chaque année, je marchais ou roulais en vélo vers la fac and elle m’attaquait à chaque fois. Ça a duré des mois, et on ne peut rien faire contre.
J : Ils sont vraiment dangereux à cause de leurs becs aiguisés. Ils peuvent te perforer la tête! J’ai entendu que l’on peut les entraîner à attaquer. Ils sont tellement intelligents qu’ils se souviennent toujours de toi. Si tu leur donnes à manger, ils vont probablement t’aimer. Devenir de belles personnes [rires].
“Vous cinq, jouez ensemble !”
Vous êtes allés où à l’université ?
S: À QUT (Queensland University of Technology) à Brisbane. C’est là qu’on s’est tous rencontrés. On étudiait la musique là-bas.
Et comment Ball Park Music a débuté ? Dans un garage comme tout le monde ?
S : À l’université aussi. Il n’y avait que très peu de classes où l’on devait jouer en groupe, mais c’est bien comme ça qu’on a débuté, au sein d’un cours.
J : Le travail de groupe le plus réussi de l’histoire [rires]
S : On ne se connaissait pas. C’était juste quelque chose du style : “Vous cinq, jouez ensemble !”.
J : Dean et Daniel se connaissaient.
S : Oui c’est vrai. Mais les autres, on ne s’était jamais rencontrés !
Pourquoi ce mystérieux nom de groupe ? D’où vient-il ?
S : Ce n’est pas vraiment une histoire trépidante. J’utilisais déjà le nom Ball Park Music quand j’ai rencontré les autres membres du groupe. J’étais adolescent quand j’ai trouvé le nom, j’aimais juste beaucoup l’expression “gimme a ball park figure”, qui signifie “donne moi une estimation”. Et ensuite on a appelé le groupe Ball Park Music… C’est resté… Et maintenant on a découvert que ‘ball park music’ signifiait aussi la musique qu’ils jouent dans un stade de baseball. On ne savait pas.
J : Parfois, quand on regarde au hashtag Instagram #ballparkmusic, on trouve des photos de nous mais aussi des photos de baseball!
On commençait à se demander justement si ce n’était pas votre but. Jouer dans un stade de baseball…
S : Je me suis senti un peu bête de ne m’être pas rendu compte de l’autre sens du terme.
J : Ne te sens pas bête, t’es O.K. comme mec.
Avez-vous toujours su que vous vouliez faire ça ? Votre carrière dans la musique ?
S : Personnellement, j’avais toujours eu l’ambition de jouer dans un groupe, et je pense que c’est le cas de la plupart d’entre nous.
J : Oui, je pense qu’on voulait tous faire de la musique, d’une manière ou d’une autre. Et cette quête a marché pour nous.
S : On était encore très jeunes quand on s’est rencontrés, on avait 20 ans, même moins. À cette époque, aucun d’entre nous n’était encore devenu un adulte responsable. On était juste en mode“yeah, devenons des rockstars !”. Pile au bon moment.
Comment composez-vous ? Tous ensemble ?
S : Habituellement, je suis le songwriter principal. J’écris les morceaux et les présente au groupe avant de les travailler tous ensemble. Mais ça a commencé à changer avec le temps. Le nouvel album est beaucoup plus collaboratif. J’écris probablement encore la plupart des chansons, mais un certain nombre d’entre elles sont écrites par les autres membres de Ball Park Music, et pour certaines nous les avons carrément écrites ensemble. Le processus de création était beaucoup plus collaboratif cette fois-ci. C’est devenu plus flexible. Si quelqu’un à une idée, quelle qu’elle soit, on l’explorera.
“Des erreurs sont devenues partie intégrante des morceaux”
On a entendu que vous aviez décidé d’enregistrer le nouvel album de Ball Park Music sur une 4-track. Pourquoi ce choix ?
S : Plusieurs raisons. Je pense que, que ce soit 4-track, 8-track ou 100-track, je voulais vraiment faire un album live, sur lequel on jouerait tous ensemble en même temps. On a trouvé un super studio avec une salle idéale pour nous, qui avait tout un tas de machines d’enregistrement. En réalité c’est notre producteur qui a visité le studio avant notre arrivée et nous a convaincus. Je pensais à une 8-track (ce qui aurait été plus simple, normal). Mais notre producteur nous disait que la 4-track était sa table préférée, et il nous a persuadés. Au début, on était sceptiques, mais dès qu’on a pu écouter le rendu le premier jour, on a été séduits immédiatement. C’était encore mieux que ce qu’on avait pu imaginer. Exactement le truc un peu fou qu’on espérait. C’était vraiment une révélation.
J : Je ne veux plus enregistrer d’une autre manière à l’avenir. J’ai trop aimé ça comme ça.
Dans le clip de Nihilist Party Anthem, une bonne idée de ce que l’enregistrement de Every Night The Same Dream par Ball Park Music a donné
Vous sentiez que vous enregistriez comme les groupes dans le passé ?
S : Oui complètement ! On avait exactement ce sentiment. Les morceaux incorporaient une erreur par-ci, une erreur par-là, de la part d’au moins un des musiciens. Mais à la fin, on se disait “ça n’a pas d’importance, le morceau a une super vibe”. C’était fun, juste fun. Notre producteur met vraiment l’accent sur essayer de capter cette magie et vibe plutôt que ce soit techniquement parfait. Beaucoup des morceaux que nous avons mis sur nos albums comportent des erreurs évidentes. Mais bon, who cares?
J : Elles sont devenues partie intégrante des chansons.
S : Je me souviens de notre producteur nous montrant Black Dog de Led Zeppelin. Il y a une erreur monumentale au milieu, je ne pense même pas que les gens s’en rendent compte. Et notre producteur nous dit : “vous voyez, écoutez ! Ils ont complètement foiré. C’est l’un des plus morceaux les plus connus de l’histoire du rock. Qui en a quelque chose à faire ?”
Et vous allez jusqu’à jouer les erreurs en concert ?
J : Certaines oui ! On avait écouté l’enregistrement tellement de fois qu’on sentait qu’on devait jouer les erreurs, parce qu’elles faisaient désormais partie du morceau.
S : L’un des morceaux du nouvel album – Every Since I Turned The Lights On – était juste un jam qu’on avait. Notre batteur Daniel fait une énorme boulette, ça tombe complètement en miettes pendant une seconde. Mais on a gardée cette prise. Et quand on joue en concert, je le regarde du coin de l’oeil et j’y pense “vas-y, fais ta connerie”
Quel est le truc le plus fou que vous ayez fait sur scène ?
J : Ce qui me vient en tête, c’est la fois, à Brisbane, où tu [parlant à Sam] as renversé une bouteille de vin rouge devant le public, t’es déshabillé presque complètement et as sauté dans le public, couvert de vin rouge.
S : Oui, c’était un moment complètement fou, c’est clair !
Prêt à la refaire ce soir ?
J : Et bien, c’était il y a longtemps. On a grandi depuis. On préfère mettre le vin dans nos corps plutôt qu’en dehors maintenant.
“Les choses vont mieux pour nous si on ne fait pas trop attention à l’avenir”
Avez-vous un objectif grandiose, un rêve absolu pour Ball Park Music ?
S : On avait beaucoup de buts évidents avant. Et puis le temps a passé et on a commencé à ne plus trop s’inquiéter de tout ça. J’ai toujours quelques buts secrets dans mon coeur, mais j’y pense le moins possible. S’ils doivent arriver, ils arriveront.
J : On a arrêté de penser au futur. On fait ce qu’on fait, on s’y consacre et on profite.
S : Je pense qu’on s’est rendu compte que les choses allaient hyper bien pour nous si on n’y faisait pas trop attention. Si on se concentrait sur nous et notre musique. En étant moins ambitieux, les choses se passent mieux pour nous.
Une bonne règle de vie. Autre sujet, quelles sont vos plus grandes influences musicales ?
J : On écoute un mix éclectique d’artistes chacun de notre côté. Mais s’il y a un hit que tous les membres de Ball Park Music aiment, c’est sans doute : The Beatles. Et puis Red Hot Chili Peppers.
S : Mon dieu, je réponds toujours exactement les mêmes groupes ! Ils ne sont pas forcément les plus grosses influences du groupe, mais ce sont ceux que nous écoutons souvent tous ensemble.
Marrant, parce que la question que l’on pose toujours à la fin de nos interviews, c’est : quel est ton album préféré des Beatles ? Donc… Pour vous c’est lequel ?
S : Le mien… Oh, c’est une question tellement difficile. Parfois on me pose la question “Quel album tu emmènerais sur une île déserte ?”, et je réponds le White Album parce qu’il est top et long surtout [rires]. Et puis je pense que si j’étais un critique je dirais sans doute Revolver. Mais je pense que mon préféré, c’est Magical Mystery Tour.
J : Je ne suis pas sûr de pouvoir répondre à la question. J’ai toujours été une fan de Revolver donc… Allons-y pour celui-là !
Est-ce que vous écoutez toujours beaucoup de musique, entre les tournées et le temps en studio ?
J : Je pense que je suis un peu différente de Sam pour ça. Parfois j’ai vraiment besoin d’un break. Je ne me sens pas d’écouter de la musique tout le temps. Mais je passe par des périodes de découverte musicale, et ça m’exalte complètement parce que d’habitude je suis du genre à écouter toujours la même musique, les vieux morceaux que j’ai écoutés toute ma vie.
S : Je suis un peu déçu de ne pas pouvoir écouter plus de musique. Je pense que quand la musique devient toute ta vie, c’est de plus en plus difficile de trouver de l’espace. Ce n’est plus la même magie que quand t’étais gosse. C’est beaucoup plus analytique. Je pense trop et je ne me sers pas assez de mon coeur. Mais parfois, j’écoute quelque chose et me dis “Ah ouais, ça c’est génial !”. Ça m’est arrivé pour quelques albums cette année.
Lesquels ?
L’album de Whitney (Light Upon the Lake) puis… Car Seat Headrest. On a beaucoup écouté leur nouvel album Teens of Denial. C’est un groupe US vraiment très cool.
“On est revenu le matin suivant, et on l’a défoncé !”
Vous avez un morceau préféré sur Every Night The Same Dream ?
J : Mon préféré, c’est Leef. C’est mon préféré depuis très longtemps, bien avant qu’on l’enregistre, quand il était encore au stade de démo. Et ça a été tellement difficile de l’enregistrer, entre larmes, stress et angoisse. C’était vraiment le plus difficile à enregistrer. Mais seuls les bons souvenirs sont restés.
S : Oui je suis d’accord, c’est aussi ma chanson préférée. Et ça a été une vraie bataille pour l’avoir dans une version qui nous plaise en studio. On a du faire 40 prises, contre seulement 2 pour d’autres. C’est la seule et unique fois qu’on a abandonné et remis l’enregistrement au lendemain.
J : Et puis on est revenu le matin et on l’a défoncé en une ou deux fois. C’était un tel soulagement de savoir qu’on avait réussi à l’enregistrer exactement comme on le voulait. Ça me fait encore pleurer.
Leef, le morceau préféré de Sam et Jennifer sur le nouvel album de Ball Park Music, Every Night The Same Dream
Où avez-vous enregistré ce nouvel opus ?
S : On a enregistré l’essentiel dans un studio près de Victoria, à Castle Main. Le studio s’appelle Sound Recordings. C’est un endroit génial, beaucoup d’artistes y sont passés. On a enregistré toutes les pistes instrumentales là et on a fait les voix chez moi à Brisbane.
Bon, on est maintenant super excités à l’idée de vous voir sur scène.
J : Merci les gars, on va jouer plein de chansons du nouvel album !
Génial, on doit vous avouer qu’on a eu un gros coup de coeur. C’est notre album préféré de Ball Park Music jusqu’ici.
S : C’est aussi mon préféré ! C’est parfait.
Pour aller plus loin :
- Le report et les photos de leur concert au Miami Marketta (Ball Park Music live at Miami Marketta: a smash hit!)
- Écouter Every Night The Same Dream sur Deezer