Votre nom, ‘Phantogram’, cela vient d’où ?
Josh Carter : On essayait de trouver un nom qui rassemblerait de nombreuses idées. J’ai dit ‘Phantogram’ et Sarah a aimé. J’ai pensé que je l’avais peut-être totalement inventé donc nous avons regardé sur Internet et découvert que le sens étaient parfait pour ce que nous souhaitions exprimer. Nous sommes deux pièces différentes s’emboîtant comme un phantogramme, l’illusion d’optique. À deux nous faisons un son bien meilleur, meilleur que la somme des parties.
Sarah Barthel : nous voulions transmettre cette idée d’un télégramme venant d’un autre univers. Peut-être d’un fantôme, d’où ‘Phantogram’. C’était une imagerie intéressante et riche, avec de nombreux sens différents.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Josh : Nous avons grandi ensemble. Nous nous connaissons depuis que nous sommes petits comme ça [Josh le montre avec sa main].
Sarah : Je pense que je n’ai d’ailleurs jamais serré la main à Josh, on ne se serrait pas la main quand on avait 4 ans. Donc… Salut, ravi de te rencontrer [Sarah serra la main à Josh]
Josh : Heureux de te rencontrer [rires]
Est-ce que vous changez vos plans lors des concerts parfois, de manière inattendu ?
Josh : On s’en tient à ce qu’on a prévu généralement. C’est comme une pièce de théâtre.
Sarah : Nous avons des visuels qui défilent derrière nous sur scène. Donc si on changeait quelque chose d’un coup, notre ingé lumières serait vraiment énervé, du type “mais qu’est-ce que vous fichez ?”
Vous avez toujours associé visuels et musique ?
Josh : Oui, depuis notre le tout premier concert de Phantogram. Nous avions des lumières bon marché. Depuis le 1er jour jusqu’à ce qu’on puisse faire de grandes tournées avec du matériel de professionnels, l’aspect visuel a toujours fait parti de nos concerts.
Vous travaillez avec quelqu’un sur ces visuels ou vous les faites seuls ?
Josh : Nous faisons beaucoup des designs nous-mêmes, surtout Sarah. On travaille également avec Jason Carol qui est responsable de nos lumières.
Et pour vos clips vidéos, vous avez toujours votre mot à dire ?
Sarah : Nous avons vraiment la main sur chaque partie de Phantogram, spécialement ce genre de choses. Nous travaillons autant que nous le pouvons avec le réalisateur, de telle manière que tout se déroule parfaitement comme prévu. Nous donnons toujours nos idées et interférons avec les projets vidéos.
Certains des morceaux de Phantogram ont été utilisés dans de supers séries TV et des publicités. Pensez-vous que ça ait aidé votre carrière à décoller ?
Sarah : Ça aide toujours. Surtout aujourd’hui. C’est intéressant qu’en 2016, les gens découvrent de nouvelles chansons en regardant la télévision ou dans des films. Je ne le fais pas nécessairement moi-même…
Jason : Oui, Shazam aide c’est certain. C’est d’ailleurs comme cela que Big Boi de Outkast nous a découverts. Il a shazamé une de nos chansons, Mouthful of Diamonds, parce qu’elle était passée dans une publicité sur Internet. Il l’a élue chanson de la semaine sur son site internet. Nous l’avons joint et depuis nous sommes devenus de très bons amis et faisons de la musique ensemble. Tout cela aide c’est certain !
Pensez-vous que les artistes devraient saisir ce genre d’opportunités, voire en chercher, au début de leur carrière ?
Sarah : Oui je pense. Ce n’est pas la seule manière d’être découvert, mais nous sommes aujourd’hui dans une période vraiment différente de celle durant laquelle nous avons été découverts, même en si peu de temps. Tout tournait autour de MySpace. Quelqu’un voyait votre profil, vous entriez dans le Top 10 de quelqu’un. Cela représentait tout pour nous. Je ne sais pas comment cela se passe pour les nouveaux artistes cherchant à lancer leur carrière aujourd’hui. Je suis sûre que c’est difficile.
Josh : Beaucoup d’artistes sont mises en avant sur Apple et deviennent connus. Mais je pense que ceux qui pensent se vendre si leurs morceaux sont utilisés dans une publicité ou un film sont un peu stupides. On ne gagne plus sa vie en vendant des disques aujourd’hui. C’est au contraire une voix pour les artistes, si cela est fait avec intégrité et pas contre son art, de gagner son pain, afin de pouvoir continuer de faire de la musique. J’ai lu des interview de The Black Keys où ceux-ci disaient qu’ils avaient refuser de nombreuses propositions pour des publicités. Mais ils auraient du les saisir, car cela représentait beaucoup d’argent.
Comme les disques ne se vendent globalement plus, vous sentez-vous obligés de tourner beaucoup pour gagner de l’argent ?
Josh : Je commencerais par dire que nous adorons les concerts. Mais en même temps… Je n’utiliserais pas le mot “obligés” ou “forcés” mais nous faisons bien plus de concerts que nous aimerions probablement faire, parce que c’est ainsi que l’on gagne sa vie, tout particulièrement aux États-Unis. Si nous ne tournions pas, nous serions fauchés. Quand nous sommes en Europe, on commence à perdre de l’argent parce que nous ne sommes pas très connus [rires]. Mais c’est un investissement. Nous allons grandir en Europe aussi un jour, j’y crois.
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L’endroit où vous avez préféré joué en Europe ?
Josh : J’adore Paris, Berlin, le Portugal, Amsterdam… J’aime jouer à Londres, Zürich également. Tant que le public répond présent, nous aimons toute ville férue de musique et de culture.
Qu’auriez vous-fait si vous ne jouiez pas de musique ?
Josh : Sans doute quelque chose d’artistique, de visuellement artistique. Je pense que même si je ne gagnais pas d’argent en jouant de la musique, j’en ferais de toute façon.
Sarah : Exactement pareil pour moi.
Comment définiriez-vous que votre dernier album est différent du premier ?
Sarah : C’est une évolution naturelle de notre son, c’est sûr. Notre premier disque était notre TOUT premier disque. En réalité c’était mon premier, Josh avait enregistré un album avec son précédent groupe. En tout cas, celui-ci était produit par Josh et enregistré par nous dans un hangar. Nous avions utilisé ce que nous avions, c’était super… À ce moment-là !
Quand nous avons réalisé que notre son accrochait les gens, nous avons décidé d’y apporter d’autres vois, les expertises d’un ingénieur, d’un co-producteur, tout cela dans un vrai studio avec plus de matériel. Nous avons commencé à faire d’autres expériences avec de nouvelles pédales, des sons psychédéliques que nous n’utilisions pas vraiment avant. Notre composition a également énormément évolué. Nous voulions nous challenger à faire des morceaux de 3’30 4 minutes plutôt que de débuter une chanson et la terminer quand nous le souhaitions. Nous voulions composer ensemble, comme The Beatles le faisaient.
Justement, quelles sont vos principales inspirations dans Phantogram ?
Sarah: Bowie, The Beatles, Pink Floyd, Led Zeppelin, Beyonce… [rires]
Josh: Sonic Youth, Slowdive, Al Green, Marvin Gaye, Erik Satie, Beck…
Beaucoup de choses différentes ! Vous écoutez beaucoup de nouveaux artistes ?
Josh : Parfois. C’est difficile pour moi de me tenir autant au courant qu’avant, mais j’essaie vraiment de voir ce qui se passe.
Sarah : Ce qui fonctionne.
Josh : Tu dois rester dans ton temps et t’y adapter, d’une manière ou d’une autre.
Comment avez-vous réagi à la mort de David Bowie ?
Josh : J’ai vraiment été sonné. J’avais reçu Black Star ce même jour. Je l’ai écouté sur toute la route jusqu’au studio. C’était étrange et inquiétant à la fois.
Sarah : Oui très étrange, très triste. Mais je l’ai adoré. Je n’étais pas surprise mais j’ai admiré sa manière de partir en laissant ce morceau d’art, ce petit chef d’oeuvre pour tout le monde. C’était une très belle manière d’envisager les choses, de voir le monde comme une pièce de théâtre avec un début et une fin. Sa musique continue.
C’était vraiment l’artiste que Josh et moi avions envie de rencontrer un jour ou de travailler avec. Juste quelque chose… Peut-être autre part, dans un autre temps… Bowie allait à beaucoup de concerts, on aurait adoré qu’il voie l’un des nôtres.
Grâce à Phantogram, vous êtes partis en tournée presque partout avec beaucoup d’artistes différents. Quel groupe a été le plus inspirant ?
Sarah : Nous avons joué avec The Antlers il y a longtemps, quand nous avons commencé à faire des tournées.
Josh : Je pense que chaque groupe qui nous a pris avec eux en tournée a eu une grande influence sur notre duo en puissance. Nous avons beaucoup appris d’eux à voir à quel point ils étaient bons en live. Tout le monde, depuis The Antlers jusqu’à The XX… The Flaming Lips étaient très inspirants, tout particulièrement par leur créativité débordante avec un budget proche de 0. C’était kitch et super créatif, vraiment beau.
Nous avons été inspirés (et impressionnés) par d’autres concerts que nous avons vus : Arcade Fire, M 83. L’un des tous meilleurs groupes que j’ai vus en live, c’est Nine Inch Nails. Le tout, les visuels… tout était parfait.
Une petite anecdote de tournée à partager avec nous ?
Josh : Beaucoup de personnes ont essayé d’aborder Sarah [elle rit]. Oh, et un jour, je bougeais partout sur scène, et dans un coup de pied ma chaussure à valdingué dans les airs. J’ai fini par retirer l’autre [rires]
Sarah (à Josh) : Quelqu’un a également essayé de voler ta pédale.
Josh : Oui, on était sur scène et cette fille a essayé de la voler alors que le concert était terminé. Folle à lier. L’un des gars du son l’a repoussée.
Sarah : Quelque chose a failli m’atteindre en plein visage une fois. J’étais genre “WTF”